Audition de M. Jean Magni, président, et M. Guy Pacini, porte-parole de l'association
« Unione Corsa »

La commission spéciale a ensuite entendu M. Jean Magni, président, et M. Guy Pacini, porte-parole de l'association « Unione Corsa ».

M. Jean Magni a d'abord rappelé que les Corses vivant dans les départements de la France continentale étaient deux fois plus nombreux que les habitants de l'île, lesquels n'étaient d'ailleurs pas tous d'origine corse.
Il a exprimé leur souhait de pouvoir régulièrement revenir dans l'île pour y faire vivre une tradition et une culture qu'il a jugé menacées.

M. Guy Pacini a exprimé l'intérêt des Corses vivant hors de l'île pour la discussion de ce projet de loi et ses conséquences sur l'avenir de la Corse.
Il a déploré que celui-ci fasse plus appel à l'intelligible qu'au sensible, et que ses dispositions apparaissent souvent plaquées sur une réalité corse, dont elles n'ont pas pris en compte toutes les composantes.
Il a souhaité l'avènement d'une forme de démocratie participative qui permettrait aux Corses de l'extérieur de se faire entendre, sans envisager toutefois une révision des listes électorales. Après avoir rappelé l'attachement de son association à l'accessibilité du territoire corse à toutes les composantes de la communauté corse, ainsi qu'au devenir de son patrimoine, il a formulé un certain nombre de propositions.
Il a d'abord souhaité que le projet de loi permette à la collectivité territoriale de Corse d'intervenir en dehors de son territoire pour soutenir matériellement et financièrement des initiatives et des projets concourant à l'apprentissage et à la diffusion de la langue et de la culture corses.
Rappelant que, plus encore que les habitants de l'île, les Corses de l'extérieur possèdent des droits indivis sur le patrimoine foncier corse, il a exprimé le souci de voir ce dernier bénéficier d'une meilleure protection.

Il a ensuite déploré l'approche du projet de loi en matière de transports, qu'il a jugée très unidirectionnelle, dans la mesure où elle lui paraît privilégier l'intérêt des personnes se rendant de Corse vers le continent.
Il a souhaité qu'une nouvelle rédaction de l'article 14, assise sur des critères objectifs, permette de restaurer la symétrie.
Il a regretté que l'article 19 relatif à l'agrément et au classement des équipements et organismes de tourisme n'évoque pas les villages de vacances, alors que ceux-ci sont cependant créateurs d'emplois.
Il a également souhaité que l'article 45 relatif aux droits de succession prenne mieux en compte les difficultés qui peuvent surgir à l'occasion du traitement des indivisions.

En réponse à une question de M. Maurice Ulrich, M. Guy Pacini a précisé qu'il souhaitait que cet article ne s'applique pas en matière de licitation ou de rachat des droits indivis par un indivisaire d'origine.
Il a rappelé que son association avait souhaité la mise en place d'une commission territoriale de coordination pour proposer des solutions au problème de l'indivision, et a regretté que les questions afférentes au patrimoine foncier et immobilier ne figurent pas parmi les attributions de la conférence de coordination des collectivités territoriales créée à l'article 47.
Rappelant que les Français établis hors de France disposent au Sénat d'une représentation, il a souhaité que les Corses de l'extérieur puissent également être représentés à la collectivité territoriale de Corse, ne serait-ce qu'à titre consultatif.

En réponse à M. Jacques Larché, président, qui l'interrogeait sur le nombre des adhérents à son association, il a précisé que celle-ci regroupait 267 familles, mais bénéficiait d'une audience plus large.

M. Jean Magni a ensuite apporté à MM. Jacques Larché, président, Paul Girod, rapporteur, et à MM. Lucien Lanier et Jean-François Picheral les précisions suivantes :

- la loi « littoral », qui n'a pas empêché la bétonnisation des côtes continentales, doit être remplacée par des dispositions spécifiques à la Corse qui garantissent la préservation de son littoral, tout en permettant le développement d'une économie locale et traditionnelle ;


- la défense de la langue corse n'est pas l'apanage des nationalistes ; son enseignement intéresse déjà, en pratique, des continentaux propriétaires de résidences dans l'île ; il conviendrait de le rendre obligatoire, en Corse.

M. Guy Pacini a jugé important de compléter la généralisation de l'enseignement de la langue corse dans l'île, par un effort en faveur de son rayonnement en dehors de Corse.

 

Mémoire du site