Les
responsables de l'article " 22 raisons de dire merde aux
Corses " paru dans un piètre journal parisien, " La vie
parisienne ", ont été condamné à 2 mois avec sursis,100.000F
d'amende et 15.000F de dommages et intérêts et de remboursement
des frais de justice pour l'association Avà Basta qui avait
porté plainte contre ce véritable torchon d'insultes à la
Corse et aux Corses.
Avà
Basta, collectif qui lutte contre le racisme peut être satisfait
de son action et les Corses soulagés qu'enfin la justice
agisse contre la corsophobie qui sévit sans discontinuer,
parfois avec éclat parfois plus sournoise, depuis près de
3 ans maintenant.
Noëlle
Vincensini, présidente d'Avà Basta sait ce que racisme veut
dire. Elle est une rescapée des camps de concentration de
la dernière guerre mondiale. Elle nous donne son sentiment
après ce verdict.
Quel
est votre sentiment après le verdict ?
C'est
la première fois qu'un article traitant les Corses avec
ce mépris et cette haine discriminatoire, infamante, est
condamné. Le délit de racisme est clairement reconnu et
établi. Nous condamnons toute forme de racisme. Le racisme
ne se divise pas. Il s'exerce contre les juifs, les Arabes
ou les Corses. On n'allait donc pas laisser passer un texte
aussi minable qui barbouillait le mépris haineux. Ça m'a
rappelé quand j'étais gamine les tracts qui traînaient dans
les rues sur les juifs et ceux qu'on a vu circuler il n'y
a pas longtemps sur les Arabes, c'était du même niveau.
Et puis on est depuis longtemps indigné par la corsophobie.
Nous participons de ce peuple.
Avà
Basta c'est une émanation de la société corse qui prend
en charge ses problèmes de racisme, je me sens donc aussi
agressée en tant que Corse par ce genre de vomissure.
C'est
ce qui vous a poussé à porter plainte ?
Naturellement,
mais s'il n'y avait pas eu cette distribution de tracts
devant le lycée on se serait demandé s'il fallait en parler
tellement c'était minable. (NDLR : l'article en question
a été photocopié et jeté dans les cours de lycée à Bastia).
C'était vraiment de la provocation de balancer ça devant
un lycée professionnel où il y a de jeunes gens, et ça a
circulé dans les rues. Il faut savoir que quand on se constitue
partie civile il faut déposer 6.000F, ça n'est pas rien
pour une association ou pour des particuliers. Mais on se
devait d'intervenir, le racisme c'est la discrimination,
le rejet, essayer d'avilir tout ce que fait ou ce que pense
l'autre. Et le texte en question s'attaque aussi à la culture,
aux Corses dans tout ce qu'ils sont, ce sont vraiment des
insultes basses pour le peuple corse.
Vous
pensez que ce verdict va peser sur les consciences ?
j'espère.
Pour nous c'est une espèce de halte, parce que vraiment
il y a une montée de corsophobie galopante dans la presse
et partout, mais là on a dépassé un seuil qui nous a permis
de faire cadrer ça avec la loi anti-raciste. Ce n'est pas
si facile. Il faut définir une communauté, etc. Mais là
en l'occurrence ça rentrait complètement dans le cadre de
la loi antiraciste et d'une communauté désignée. A force
de dire n'importe quoi sur les Corses, on arrive à certains
seuils. A force de faire de la corsophobie on finit par
délirer dans des trucs infâmes. Pour nous, c'est donc une
espèce de halte dans la vague de corsophobie. Et j'espère
que ça va en faire réfléchir quelques-uns. |