Nice-Matin - Lundi 14 mai 2001

Corse : du salon du livre, José Rossi en appelle à la Nation

A 48 heures de l'examen en première lecture à l'Assemblée nationale du projet de loi sur le statut corse, la visite du député Démocratie libérale José Rossi était très attendue aux cinquièmes Journées du livre méditerranéen hier après-midi. Pas seulement pour dédicacer son livre d'entretiens qu'il cosigne avec notre confrère Jean René Laplayne de Corse hebdo intitulé "Aux Corses... et à ceux qui ne le sont pas ". Aussi, parce que celui qui préside l'Assemblée territoriale corse depuis mars 1998 est à l'initiative, avec quelques élus insulaires, des accords de Matignon qui ont fait depuis leur signature en juillet 2000, couler beaucoup d'encre.

Ce projet prévoit d'accorder une autonomie législative à l'île de Beauté, jusqu'en 2004. Date à laquelle, le parlement national dressera le bilan de cette expérience pour décider d'une éventuelle révision constitutionnelle qui entérinerait ce " particularisme corse ", selon l'expression de José Rossi. Mais l'expérimentation qui ouvre la voie à un fédéralisme à plusieurs vitesses est loin de faire l'unanimité. Comme en témoigne, l'accueil plutôt timide qu'a réservé hier après-midi, le député-maire d'Antibes à " son collègue parlementaire et néanmoins ami ". II faut dire que Jean Leonetti est précisément celui qui défendra mardi au palais Bourbon, la position de l'UDF, que l'on sait opposée aux accords de Matignon.

" Un règlement politique "

Lors d'une conférence organisée en marge du salon, José Rossi s'en est gentiment pris aux " discours guerriers " de ses détracteurs. Et l'ancien ministre de l'Industrie d'assurer que " ceux qui pensent que c'est une étape vers l'indépendance se trompent (...). Je ne suis pas indépendantiste, mais la République, qui a montré ses limites en Corse, doit évoluer. C'est la première marche vers un règlement politique après 30 ans de problème corse ". S'adressant aux Corses du continent qui ont, selon lui, " un rôle à jouer dans la reconstruction de l'île " et plus généralement aux Français qui nourrissent parfois " un racisme larvé envers les insulaires en les traitant " d'assistés " ", José Rossi demande à la Nation de soutenir cette réforme historique qui permettrait à l'île de sortir une fois pour toutes de la violence pour se diriger " vers l'apaisement, la prise en compte de la spécificité insulaire et le développement durable et maîtrisé de la Corse ". Une réforme qui si elle réussit pourrait, selon lui, " servir d'exemple à d'autres régions françaises ".

Fred Maurice

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