Corse-Matin - Lundi 6 mars 2000

Salon du Livre Méditerranéen
Au stand de "L'Unione Corsa", le Docteur Edmond Simeoni a dédicacé son livre: "Corse, la volonté d'être"

Edmond Simeoni à Antibes: " Je suis un homme de compromis "

Des yeux bleu clair comme la mer des rivages insulaires. La poignée de main solide et franche. Et la voix, douce, qui semble caresser I'accent natal . A 65 ans, Edmond Simeoni n'a rien d'un " chef terroriste ", comme d'aucuns pourraient le caricaturer, depuis les tristes événements d'Aléria en 1975. Pour lui aussi , ce souvenir , le procès et l'incarcération qui ont suivi, torturent encore sa mémoire.

"Mais l'homme semble aujourd'hui se poser davantage en pasteur qu'en martyr de l'autonomisme corse. En 1975, j'étais au centre de l'affaire, mais je n'ai jamais basculé dans la violence clandestine, je n'ai jamais mis de cagoule ni porté une arme à la main ".

Son credo? Humanisme et démocratie, en faveur d'un respect identitaire corse. L'Etat français… et les Corses dos à dos

" Je suis d'abord médecin, humaniste et démocrate, ce sont les choix fondateurs de toute ma vie. Le démocratie doit être au centre de la construction corse, avec une véritable solidarité sociale et un souci de l'environnement, sinon c'est une voie sans issue, estime ce fondateur historique de l'ARC (Action Régionaliste Corse).
Je suis un homme très engagé, militant depuis quarante ans, mais je me bats pour un patrimoine, culturel ou environnemental, commun à tous. Je suis adepte d'une communauté humaine, avec toute sa diversité et sa richesse ".

A ce titre, Edmond Simeoni n'épargne aucune des parties qui ont fait l'histoire récente de l'île. D'abord l'Etat français "très unitaire, marqué par cette difficulté à devenir pluriel, qui n'a jamais créé en Corse les conditions de base de la démocratie, où la vie publique est polluée par le clientélisme ".

Ensuite " le système politique local dans son ensemble, complice, qui a aliéné le suffrage universel ", et " les Corses eux-mêmes, qui se sont engouffrés dans cette zone de non droit ou dans la violence ".

A ses yeux, le dialogue amorcé par Matignon semble aller dans le ' bon sens. Lui milite désormais pour la constitution d'une " troisième voie politique " en Corse, dans le sillon de " Rinnovu " et " Leva", qui se démarque du front conservateur comme des extrémismes, pour fonder une Corse nouvelle.

La Corse une région euro-méditérranéenne ?

Une région française, certes, mais surtout euro-méditerranéenne. L'autonomie plutôt que l'autarcie; l'ouverture plutôt que la frontière. Dans la paix et le respect de chacun.

" Je me méfie des nationalistes, souvent foyers d'intolérance, mais la dignité des Corses est une revendication essentielle. La reconnaissance du peuple corse pose certes des problèmes constitutionnels, mais il y a moyen de reconnaître une identité de facto. Les querelles de termes ne doivent pas masquer l'essentiel. Je suis un homme de compromis ".

Alexandre Carini

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