Le
secrétaire d'État à la Francophonie, Margie Sudre, l'avait
dit aux ambassadeurs de la Corse lors d'Expolangues à Paris
(Corse-Matin du 5 février) " la charte Européenne des langues
régionales et minoritaires ne peut être ratifiée actuellement
".
Cette
information a été confirmée jeudi (notre édition d'hier)
: " le Conseil d'État juge contraire à l'article 2 de la
Constitution certains passages de cette charte émanant du
Conseil de l'Europe et déjà signée par 15 pays. "
De
passage à Corte, le président du Conseil économique, social
et culturel, Toni Casalonga, ne s'est pas montré surpris
par cette information " qui n'est pas, bien évidemment,
une bonne nouvelle. " Le président ajoute : " Cela n'est
pas sans nous rappeler un certain épisode du statut particulier
de la Corse à propos de la notion de peuple Corse. Le Président
de la République était favorable mais le Conseil constitutionnel
s'y est opposé. Aujourd'hui un nouveau chef de, l'État est
favorable à cette ratification mais voilà que le Conseil
d'État, qui fait une interprétation très restrictive à mes
yeux, oppose son veto. Alors qu'en tels lieux du territoire
de la République le Basque, le Breton, l'Alsacien et le
Corse pourraient être utilisés dans les actes administratifs
si l'on appliquent le même principe que l'Espagne en Catalogue
ou existe une coexistence pacifique de deux idiomes. Ceci
dit, cela ne peut être qu'une péripétie ce n'est nullement
la fin d'un combat. Il faut que nous fassions la démonstration
par des actions, du bien fondé de l'usage de notre langue
et rappeler que " l'usu face a legge ". Demain, les Montagnards
finiront alors d'avoir raison des Jacobins ".
" Une
situation incohérente "
Le
professeur Jacques Fusina président de la filière études
corses de la faculté de Lettres à Corte a lui aussi
tenu à réagir : " Je dirais pour ma part que cet avis du
Conseil d'État fait en l'occurrence peu cas de l'existant
en la matière : filière d'enseignement complète, concours
nationaux d'aptitude au professorat (CDPEJ) que les divers
ministères et notamment celui de l'Éducation nationale ont
contribué à mettre en place.
L'impression
d'une certaine incohérence n'est donc pas à exclure donc
il ne faudra pas faire semblant de s'étonner ensuite. Plus
sérieusement, une possibilité d'ouverture pour le gouvernement
: signer la charte nonobstant cet avis, quitte à saisir
dans un second temps le Conseil constitutionnel pour juger
de la constitutionnalité de la démarche.
Car
en l'état actuel des choses, si un seul pays européen venait
à ratifier la charte (l'Allemagne devrait le faire incessamment)
la France serait appelée à s'incliner et à l'appliquer d'office.
Pourquoi se mettre. dans de telles situations incohérentes
? Cela ne me semble pas d'excellente politique ".
A.F.et
D.C. |