Caroline
Saglione, antenne RCFM Bastia: " A la veille du débat
à l'Assemblée de Corse concernant le " processus de Matignon
", RCFM poursuit ce midi sa série de magasines consacres
à l'avenir de l'Ile. Ce midi donc. nous avons choisi de
donner la parole à des Corses de la Diaspora. A cette occasion,
nous serons en direct de l'Unione Corsa d'Antibes, en compagnie
de Toussaint Colombani et de Pierre Mari. Toussaint Colombani.
que nous retrouvons tout de suite pour un avant-goût de
ce que sera ce magasine. "
Toussaint Colombani
: " Oui. Caroline, donc là, en direct, vous l'avez dit,
d'Antibes, avec les Corses de l'Unione Corsa d'Antibes,
située au cœur de la vielle ville d'Antibes pour une émission
spéciale consacrée au débat sur le processus de Matignon.
Parole donc à la Diaspora de la Côte d'Azur où l'on compte
près de 30000 Corses, et des Corses, croyez-moi qui ont
des choses à dire. Et on est là pour ça 'C'est donc Jeannot
Magni. le Président, qui nous reçoit, en compagnie des nombreux
invités. Ils sont originaires d'un peu partout en Corse
: Haute Corse et Corse du Sud, bien partagées, on peut dire
Bastia, Patrimonio, Ghisoni, Sotta. Porti-Vecchju, Ficaja,
Rutali, il faut les citer tous, pour n'oublier personne,
Moriani, Cervione, Calenzana, Niolu. . Donc. de l'Unione
Corsa d'Antibes, le Président Magni nous en parlera tout
à l'heure, c'est une nouvelle philosophie de la représentation
de la communauté insulaire sur le territoire continental,
sans doute plus à l'écoute de la Société corse, tout en
conservant un attachement, une fidélité sans réserve aux
traditions qui sont les nôtres Ce débat, autour du processus
de Matignon, intéresse la Diaspora, vous l'imaginez, à plus
d'un titre, à la veille du vote de vendredi à l'assemblée
de Corse. Les Corses de la Côte d'Azur diront leur sentiment
sur ce que peut être l'avenir de l'Ile, dans différents
thèmes, depuis une éventuelle amorce d'autonomie, la langue
corse, la reconnaissance du Peuple Corse .. On se retrouvera
tout à l'heure avec Pierre Mari et de nombreux invités "
...///...
Caroline Saglione,
antenne RCFM Bastia : " Nous retrouvons, en direct d'Antibes,
de l'Unione Corsa, Toussaint Colombani, Pierre Mari et leurs
invités. "
Toussaint Colombani
: " Bonjour Caroline, vous l'avez dit, donc, un processus
qui intéresse bien sur, les Corses de la Côte d'Azur, les
Corses en général, et ici peut-être plus qu'ailleurs, puisqu'il
y a une quinzaine d'invités aujourd'hui, c'est déjà pas
mal, il y a beaucoup de monde et on peut s'attendre à un
débat assez passionné. Alors, tout d'abord avec nous, Jeannot
Magni. le Président de l'Unione Corsa d'Antibes qui va nous
préciser l'objectif, bien sur défendre le drapeau corse
en quelque sorte. Par quels moyens? "
Jeannot Magni
: " La première des choses, c'est défendre l'identité corse
et la culture, puisque tous les mardis, depuis 96, nous
donnons des cours de corse qui ont un succès considérable
. Dans le même temps, nous sommes inclus dans la défense
des arrêtés Miot - on y reviendra tout à l'heure- et puis
surtout défendre l'idée d'une Corse tolérante et généreuse,
dans la tradition. "
Toussaint Colombani
: "II y a un nouveau style d'amicale des Corses, un peu
différente de celles que l'on a connues, je ne veux pas
employer le mot de " passéistes, un peu passéistes " ?
Jeannot Magni
: " Hé bien, le problème, c'est que nous, nous ne sommes
pas, je ne veux pas dire du mal de qui que ce soit. une
amicale traditionnelle, " pulenta è figatelli ", on tient
à le souligner, c'est a dire que tout ce qui se passe en
Corse nous intéresse au premier plan et nous sommes très
vigilants par rapport aux événements que connaît la Corse
actuellement. "
Toussaint Colombani
: " Alors, je vais revenir sur la création d'une association,
d'un mouvement qui s'est créé. C'est "Basta Cusi!",
c'est quand même assez exceptionnel comme réalisation. "
Jeannot Magni
: " Nous avons été choqués par ce qui s'est passé ces quelques
dernières années, la réaction des médias par rapport aux
événements qui se passaient en Corse, on était tourné en
ridicule, donc on a créé le "Muvimentu Basta Cusi!"
de manière à intervenir et éventuellement à saisir les tribunaux
pour tout acte de racisme envers les Corses ou contre la
communauté corse, voilà !
Toussaint Colombani
: " De retour donc au cœur du débat. Jeannot Magni, vous
pensez que ce débat va être passione aujourd'hui ? "
Jeannot Magni
: " Ecoutez, moi j'ai trouvé une palette de nos compatriotes
qui sont très passionnes, qui s'intéressent à ce qui se
passe en Corse, c'est important ça ! Et il y a des idées
différentes il est important que chacun puisse s'exprimer,
nous sommes en démocratie et notre but, justement, c'est
d'écouter toutes les personnes , vous savez, moi, il y a
des gens avec lesquels je ne suis pas d'accord là-dessus
aujourd'hui mais je pense qu'ils ont leur mot à dire, c'est
tout à fait normal. Je tiens à vous dire que je vous remercie
d'être venus à A Casa Corsa à Antibes parce que nous avions
besoin de vous rencontrer aussi et surtout de rencontrer
tous nos compatriotes de l'Ile. J'en profite pour saluer
ma famille au Niolu, in Balagna. in Bastia. è m'arrestu
qui ! Et merci d 'esse venuti
Toussaint Colombani
; " Bon. hé bien. tout le monde fera pareil, on va essayer
si on a le temps. Pierre. Pierre Mari donc avec les thèmes
que j'ai cites tout à l'heure, dans ce processus ; je veux
dire l'essentiel, l'autonomie, la langue corse, la reconnaissance
du peuple Corse au-delà des convictions, il y aura quelques
idées qui vont ressortir, c'est tout à fait normal, on est
là pour ça ! "
Pierre Mari
: " Donc, on va prendre, si j'ose m'exprimer ainsi, la température
des Corses qui n'aiment pas le figatellu et la pulenta,
si j'en crois Jeannot Magni !D onc ce débat qui a commencé,
il y a deux mois dans l'Ile, il était quand même intéressant
de connaître l'avis des Corses du Continent, vous êtes représentatifs...
Alors, une première question... s' exprime qui veut puisque
c'est la démocratie directe en mettant un petit d - ne soyons
pas trop emphatique -, mais quand même l'autonomie, on a
l'impression que c'est un mot qui obtient une espèce de
consensus en Corse, vous. qu'en pensez-vous, êtes-vous d'accord
avec cette idée de consensus sur le terme d'autonomie ...
Maître Guy Pacini, d'abord, qui est de Balagne je crois
... "
Guy Pacini
: " De Sotta ! de Sotta !. . et qui aime le figatellu et
la pulenta mais qui ne la met pas toujours en exergue !
Tout simplement pour dire : l'autonomie, c'est un mot qui
est à la mode et qui est lourd de sens dans notre communauté
mais également chez nous, en Corse. Est-ce qu'il faut être
heurté par ce mot "je ne le pense pas, il y a une évolution
qui se fait dans les mentalités, il y a des propositions
qui sont faites dans les structures, les institutions, et
peut-être il y t-il matière à adaption pour envisager ce
qui. Il y a quelque temps encore, était rejeté, galvaudé,
critiqué. Je crois qu'il y a une réflexion à mener autour
des propositions qui sont formulées et qu'ensemble, y compris
les Corses de l'extérieur, nous devons mener cette réflexion
! "
Pierre Mari
: " Alors, vous Maître Pacini, allons plus loin dans la
vie. Vous êtes en faveur de quoi, très précisément, si on
parle de changement et d'évolution, en Corse ? "
Guy Pacini
: " Moi, la dimension autonomiste ne me dérange pas du tout,
ne me gène pas du tout. Je veux, je souhaite en tous les
cas, qu'y soit associée toute la communauté corse de l'extérieur,
non seulement associée, mais qu'elle soit représentée. Il
faudra, là aussi innover, trouver les moyens de voir cette
communauté participer à l'avenir de notre pays, soit par
le biais d'élections, on y reviendra probablement, mais,
en tous les cas, au niveau de cooptations éventuelles dans
les grandes structures qui seront soit améliorées, soit
modifiées, soit proposées dans le cadre de ces institutions
à venir. "
Pierre Mari
; " Toussaint Colombani, on fait à nouveau le tour de la
salle... "
Toussaint Colombani
: " Oui, alors, peut-être quelqu'un va répondre au propos
de Monsieur Pacini, - quelques petits problèmes techniques
- on va essayer répondre sur l'autonomie... avec... "
Jean-Pierre Poli
: " Jean-Pierre Poli. de la Balagne, de Speluncatu exactement.
Moi je pense aussi que l'autonomie ne doit pas faire peur.
On a toujours l'impression que ce mot est un mot qui heurte
les sensibilités, notamment de Corses assez conservateurs
qui ne voudraient pas changer les relations qu'il peut y
avoir entre la Corse et la France, je crois que ce mot ne
doit pas faire peur. parce qu'au niveau de l'Europe, il
y a des tas de régions autonomes, ces régions autonomes
sont des régions qui fonctionnent relativement bien. que
ce soit en Allemagne où vous avez l'Etat libre de Bavière
ou en Italie où vous avez la Sardaigne qui a une autonomie
interne. et je crois qu'il faut appréhender l'autonomie
comme un instrument pour essayer de faire autre chose en
Corse, d'avoir une gestion qui soit meilleure, et donc,
il n'y a pas à avoir d'hostilité de principe sur l'autonomie
interne. "
Pierre Mari
: " Alors, il s'est passé quand même quelques années, si
l'on remonte aux années 70 où l'autonomie a été amorcée,
les idées autonomistes ont avancé... Qu'est-ce qui a fait
peur, selon vous à l'Etat, au Gouvernement, je veux dire
... " "
Jean-Pierre Poli
: " Je crois que, si vous voulez, c'est un problème de fond.
Je crois qu'en France, nous vivons dans un système d'Etat-Nation
qui est basé sur une idéologie qui n'est pas due simplement
due à la Révolution mais qui est antérieure à la Révolution,
qui est une idéologie centralisatrice : au départ, au niveau
de la Rovauté française, on avait le principe - un roi et
ses sujets -, ensuite la Révolution française a amplifié
cette idée qu'il y avait des hommes -des citoyens- et un
Etat et qu'il ne pouvait pas y avoir de corps intermédiaires
entre l'Etat et les citoyens. L'évolution qui se présente
au niveau de l'Europe est une évolution qui change les mentalités
au niveau des relations entre l'Etat et les citoyens et
qui heurte la sensibilité française puisque la France est
basée sur ce principe jacobin. Donc, il y a effectivement
un problème institutionnel mais, pour nous les Corses, ce
problème institutionnel doit permettre une évolution vers
ce qui nous satisfait, nous ! je pense que la plupart des
Corses veulent une reconnaissance de l'identité corse, et
la reconnaissance de l'identité corse va vers une meilleure
gestion, plus rapprochée des citoyens Corses que nous sommes.
"
Toussaint Colombani
: " II y a peut-être quelqu'un qui veut répondre à la position
de Monsieur Poli sur l'autonomie et la reconnaissance du
Peuple Corse ... peut-être avec ... voilà. Pierre ... "
Pierre Mari
"II y a un phénomène curieux là. il y a M. Eugène Ficaja
qui est de Patrimonio et Philippe MORADIAN qui est de Ficaja..
on peut peut-être, .j'ai vu M. Ficaja qui hochait un petit
peu la tête quand on parlait d'évolution institutionnelle.
. ça voulait dire quoi donc ces hochements ... ~ "
Eugène Ficaja
: " ça voulait dire que je suis d'accord ! tout simplement
! ça veut dire que je constate moi que la majorité des Européens
vivent sous un statut d'autonomie et je ne comprends pas
qu'il ait fallu plus de 25 ans-je rappelle qu'Edmond Simeoni
réclamait un statut d'autonomie en 75, si je ne me trompe,
il a fallu plus de 25 ans pour faire évoluer les choses,
et je constate aussi qu'il y a toujours au sein de l'Assemblée
de Corse des gens qui font un raisonnement qui me paraît
un peu bizarre : " ça ne fonctionne pas. et il faut continuer
! " ! Donc le statut quo est impossible et je crois qu'il
faut changer... un statut d'autonomie... il faudrait discuter
du contenu du statut d'autonomie évidemment et du contrôle
de l'Etat sur l'autonomie en Corse. Voilà ce que je pense.
"
Pierre Mari
: " Alors, Monsieur Ficaja... Et le monsieur de Ficaja !
"
Philippe Mouradian
: " Bonjour, oui. moi. ..si j'ai bien compris la façon dont
vous me posez la question, je devrais être le représentant
de l'anti-autonomie ? Hé ! bien, au risque de choquer, je
voudrais dire que ce n'est pas du tout le cas ' Non pas
que je me définisse comme un autonomiste ou comme un anti-autonomiste...
je pense plutôt que pour moi la question essentielle, c'est
: " Tout ce qui va permettre à la Corse d'avancer sur la
voie du progrés est souhaitable ", le débat sur les questions
essentielles, le débat sur le développement économique,
le débat sur la justice sociale... Et si ça passe, pour
arriver a ce débat-là, par des questions, y compris sur
le statut, l'évolution du statut institutionnel, moi j'y
suis prêt. Je pense que tous les Corses du Continent ou
de l'Ile sont prêts à le faire. Le problème, c'est que je
considère qu'effectivement, il faut dépassionner les choses
et ne pas mettre derrière chaque mot un épouvantail qui
empêcherait les Corses de confronter leurs opinions. Donc,
pour moi. l'idée d'autonomie ne me choque pas. "
Pierre Mari
: " Donc, dans le débat, il n'y a plus rien de sacré et
c'est ça qui est intéressant On peut parler de tout, de
tout ? "
Philippe Mouradian
: " Je considère qu'il est nécessaire de parler de tout
et de laisser tout le monde s'exprimer sur tout. Il n'y
a qu'à cette condition-là qu'on arrivera à faire avancer
les choses. Je pense qu'il ne peut pas y avoir d'évolution
d'aucune sorte si les gens ne s'expriment pas donc ça s'adresse
à ceux qui agitent les épouvantails de l'autonomie ou de
l'indépendance pour empêcher ce débat, et ça s'adresse aussi
à ceux qui pensent que la violence est une façon de faire
avancer le débat. Je pense que ces deux façons de voir les
choses paralysent toute évolution en Corse. Je crois qu'il
faut maintenant parler et déposer... je me sens en cela
parfaitement d'accord avec cette idée qu'avait avancée Edmond
SIMEONI qu'il faut déposer les armes et mettre les cartes
sur la table. A ces conditions-là les choses peuvent avancer
et tout le monde en tirera bénéfice "
Pierre Mari
: " Monsieur De Rocca Serra, quel est votre avis... cette
idée du débat qui n'est plus sacré... donc, on doit parler
de tout, absolument de tout, de l'indépendance, de la violence
? Vous quelle est votre réaction ? "
Jacques De Rocca
Serra : " oui. ma réaction, c'est d'abord de considérer
que quand on est citoyen, on a le droit de s'exprimer individuellement.
Il faut le faire... bien que j'aie à la fois le nom. le
prénom et toute une origine liée aux 25 dernières années
qui se sont passées en Corse puisque j'ai été quand même
17 ans aux affaires 8 ans au titre du Ministère de l'Intérieur
et ensuite 9 ans comme Directeur Général de la Région. J'étais
un peu le bras droit de Jean-Paul lui-même, c'était quelqu'un
qui ne refusait absolument pas la discussion. Cela étant,
une discussion où on discute depuis 25 ans, 30 ans ça fait
30 ans qu'à chaque fois on fait des modifications et ces
modifications n'aboutissent pas à quelque chose d'extraordinaire.
Je crois que... moi je deviens un véritable ... je me découvre
un vrai conservateur, c'est à dire qu'il ne faut changer
les choses que quand on peut faire mieux ' Et il faut avoir
des chances de faire mieux .. .j'ajoute une chose qui est
importante et qui est la suivante : c'est que.. l'autonomie
bien sur, mais il faut aussi les moyens du progrès... Les
moyens du progrès, qui va nous les apporter " Est-ce que
c'est la France à laquelle moi je souhaite appartenir toujours
et qui généralement plus généreuse en réalité que ne l'est
l'Europe contrairement à ce qu'on imagine et qui est moins
tatillonne iOu bien, si on veut une autonomie totale, à
partir de ce moment-là, il serait tout à fait logique que
la solidarité nationale soit assumée par le préfet. "
Pierre Mari
" Monsieur De Rocca Serra, vous dites " je suis conservateur
" mais il y a un problème en Corse... Peut-on rester conservateur
si on veut vraiment résoudre ce problème ? "
Jacques De Rocca
Serra : " Je vais vous dire, je suis un vrai conservateur
mais dans la mesure où je pense que les deux statuts - le
statut Deferre et le statut Joxe - ont été en partie...
ont complique les choses alors qu'on pouvait les simplifier.
Le problème est que les compétences doivent être données
à chacun, qu'il ne faut pas les mélanger et qu'il ne faut
pas, chaque fois qu'on veut faire un projet en Corse avoir
besoin d'avoir l'aval des Ministères de l'Etat, du Conseil
Général, de la Région, de l'Europe... et on attend trois
sous d'ici, trois sous de la... Les affaires sont horriblement
compliquées à gérer, je peux le dire d'expérience ' "
Pierre Mari
" Nous continuons le tour de salle. Toussaint Colombani,
avec d'autres avis et après il sera intéressant de demander
l'avis de personnes qui ne sont pas Corses et qui sont présentes
ici
Toussaint Colombani
: " Bernard Paoli. c'est ça ? Bastiais je crois... "
Bernard Paoli
: " Du Fium'orbu, Ghisoni... "
Toussaint Colombani
: " Donc avec une différence de génération De Rocca Serra,
un regard différent sur l'autonomie '"
Bernard Paoli
; " Oui. une différence de vue aussi, d'appréciation, le
statut actuel a ses limites... on l'a bien vu avec l'affaire
De Courson... on s'est assis sur l'autorité de l'Assemblée
de Corse, qui devait prendre des décisions en matière fiscale,
notamment.. A Paris, ça s'est décidé sans aucune espèce
de débat, donc on a bien vu que la réalité du pouvoir n'est
pas en Corse. Il faut la placer, la replacer à ce niveau-là...
il y a une évolution qui est nécessaire, obligatoire, s'opposer
à ça, ça me paraît s'opposer à une évidence..., la seule
chose que je voudrais dire c'est qu'il ne faut pas perdre
de vue qu'on a affaire à un Etat effectivement jacobin,
et je pense qu'il n'a pas encore abattu toutes ses cartes,
qu'il va donner le maximum de fil à retordre, finalement,
dans ce débat... j'en suis un peu déçu évidemment mais je
croîs qu'il faut être réaliste, on a affaire à un état français
fort, puissant, qui veut le rester et qui va peut-être faire
maximum pour ne pas découvrir tout son jeu immédiatement...
ça va être un débat..
Toussaint Colombani
: " Vous êtes pessimiste " ! "
Bernard Paoli
: ... je suis réaliste, depuis le début de l'arrivée de
la France, je ne veux pas faire - je n'en ai pas la compétence
- un cour d'histoire, mais depuis l'arrivée de l'armée royale
en Corse, on a bien vu la manière dont ça s'est passé, Aleria,
par exemple, avec quelques autonomistes dans une cave, où
on a eu une démonstration de force avec plus de 6000 hommes,
gardes mobiles etc... alors que quand c'est pour arrêter
quelques excités dans un appartement, on envoie un service
spécialisé de Police, là on a vu véritablement un déploiement
de forces qui s'est terminé, malheureusement par la mort
de CRS. Tout au long de notre histoire on a vu quand même
un pouvoir fort qui a voulu le rester, qui a vu la Corse
avec une certaine morgue... On a affaire à des énarques
à qui on répète à longueur de temps que c'est l'élite de
la nation. On va avoir à discuter avec ces gens-là, ils
ont des choses dans la tête, ils ont des projets clairs,
à mon avis, dans la tête, je suis effectivement assez pessimiste
pour l'avenir... la lutte n'est pas finie, elle va être
dure, j'espère qu'on va évoluer d'une manière vraiment positive
pour la Corse. Voila ce que j'avais à dire. "
Toussaint Colombani
: " Sur le contenu, par exemple, si programme d'autonomie
il y avait, si projet d'autonomie il y avait, est-ce que
vous avez imaginé le contenu de ce programme ? "
Bernard Paoli
: " Je crois que le débat va amener des réponses, moi je
suis comme tous les Corses, je parle en mon nom personnel,
je suis ouvert un peu à toutes les idées, à toutes les solutions
possibles.. Je crois que le débat devrait nous amener des
réponses, effectivement... Ce qu'il ne faut pas. c'est que
le débat soit bloqué par des conservateurs, justement -
on en parlait tout -à- l'heure -, il faut qu'on avance vite,
à mon avis. notamment, je pense au problème de la langue
corse, si les solutions ne sont pas trouvées dans les 10,
15 ans à venir, tous les spécialistes de ce problème disent
que la langue a de grandes chances de disparaître... II
faut que le débat avance vite, notamment dans ce domaine.
"
Toussaint Colombani
: " Voilà, on reviendra donc sur le problème de la langue
et je crois qu'il nous reste, Pierre quelques deux minutes
avant le flash d'informations... Peut-être quelqu'un a-t-il
encore une question sur l'autonomie ? C'est Monsieur...
? "
M. Cesarini
: " Cesarini, de Cervione... oui, je voudrais d'abord répondre
à une question que vous n'avez pas posée... puisque vous
ne semblez retenir que l'autonomie .. Vous n'avez pas parlé
de l'indépendance. . Je voudrais dire que je suis contre
l'aventure, je ne vois pas d'avenir, disons, dans les 20
ans. en dehors de la France et de la République. Mais par
contre j'estime que la notion d'autonomie a beaucoup évoluée,
je n'ai rencontré personne qui soit hostile à la notion
d'autonomie, par contre, l'autonomie est une auberge espagnole
et il s'agit de savoir ce qu'on va mettre dans la notion
l'autonomie. Pour être bref, je dirai que je suis pour une
autonomie de gestion, mais pas pour une autonomie de souveraineté.
J'admets qu'il y ait un transfert de compétences dans beaucoup
de domaines, par exemple, que l'Assemblée de Corse, disons,
s'occupe de tout ce qui est l'environnement, le patrimoine,
la culture. Je ne suis pour qu'elle ait des attributions
dans le domaine législatif .Mais en ce qui concerne, par
exemple, le domaine fiscal, j'admets très bien que l'on
transfère à la Corse des ressources... comme la TAC, la
TIP et par exemple, là je vois un moyen de régler le problème
des arrêtés Miot. Une façon de régler ce problème,
disons, c'est de confier entièrement à la Corse le problème
des droits de transmission du patrimoine. A elle de fixer
les taux, les plafonds et de rendre en charge tous les dispositifs
pour sortir de l'indivision qui bloquent. Je voudrais dire
surtout que je suis pour l'autonomie parce que je suis pour
la démocratie. Or en Corse, il n'y a jamais eu de démocratie.
Le reproche majeur qu'on peut faire à la France, c'est de
ne pas avoir permis un espace de démocratie en Corse comme
sur l'hexagone - les Corses sont en partie responsables
- mais je crois que l'autonomie permettra précisément enfin
à la Corse d'être citoyenne et de promouvoir une véritable
démocratie. "
Toussaint Colombani
: " Voilà, merci Monsieur Cesarini. on va couper quelques
minutes ce débat consacré ici en direct depuis l'Unione
Corsa d'Antibes pour le flash d'informations que nous présente
Caroline Saglione ...///...
FLASH D'INFOS
RCFM 12 h 30
...///...
Reprise des débats
:
Marie-Pierre Grisoni
: antenne RCFM Bastia : " Merci Caroline, il est 12
h 33 minutes... je vous propose de retourner du côte d'Antibes
où se trouvent Toussaint Colombani et Pierre Mari. "
Pierre Mari
: s'adressant aux studios RCFM de Bastia: " Voilà, tout
à fait Marie-Pierre, merci de nous prêter un petit peu de
votre temps pour continuer ce Forum, ce débat qui est quand
même exceptionnel puisque RCFM se déplace à Antibes, à l'Unione
Corsa. Il est intéressant, puisqu'on est sur le Continent
d'entendre l'avis d'un continental et comment, depuis le
Continent, on voit toutes ces affaires ! On a l'impression
que quelquefois, sur le Continent, quand on évoque le problème
corse, on pense à un repli sur soi, une espèce de repli
nationaliste, quand on parle de l'obligation de l'enseignement,
par exemple, comment le vivez-vous ? Est-ce pour vous un
repli nationaliste ou est-ce une autre façon de voir la
France ? "
Henri Curtet:
" Ce n'est pas un repli, absolument pas, l'autonomie, je
crois que c'est la solution, et le point de vue des continentaux...
ils n'ont ni peur de l'autonomie, ni rien du tout ! par
contre, si vous voulez, moi personnellement, là où je vois
le problème, c'est le problème économique. Ca fait 40 ans
que j'entends des Politiques de toutes sortes parler d'économie...
je ne vois rien venir, à part une troisième préfecture à
Corte, c'est tout ce que je vois comme débouchés ! Vous
savez, une université qui ressort des étudiants à la pelle,
qui veulent en plus rester sur l'Ile... et il n'y a aucun
débouché ! Alors c'est ça, l'inquiétude que j'ai, autrement
l'autonomie, je crois que c'est la solution, à condition
que la langue soit maintenue puisque, dans l'Europe, ce
sera une richesse d'avoir une région autonome, avec sa langue.
C'est un petit point de vue que j'ai là-dessus... mais,
je le répète, je suis très inquiet sur la gestion de l'autonomie.
"
Pierre Mari
: " Alors, on entend aussi des avis sur le Continent : on
dit : " bon l les Corses, s'ils veulent l'autonomie ou l'indépendance,
très bien ! Qu'ils la prennent mais la solidarité nationale
stop ! " Est-ce que vous voyez les choses comme ça ~ "
Henri Curtet:
" Non, absolument pas, moi, les gens que je fréquente qui
sont absolument continentaux, ça ne les choque absolument
pas ! Et il n'est pas question de se débarrasser de la Corse,
pas du tout, au contraire, moi je crois qu'il faut la garder
dans son autonomie. Les gens ne sont pas choqués, pas du
tout...Il y en a, si on leur parle d'indépendance, peut-être
que là c'est un mot qui va un peu plus loin, c'est tout,
mais l'autonomie, absolument pas ! Et combien avons-nous
de régions autonomes en Europe, hein, je parle de l'Europe
à ce moment-la . Ce qui va enrichir un petit peu tout ça
à condition, bien sur, que l'identité soit maintenue, que
la langue soit maintenue etc... c'est un petit point de
vue !... "
Pierre Mari
: " Point de vue ! pourquoi petit ! ? ... Madame Pacini,
non pas Madame Pacini, mi ' allora mi sbagiiu ! buleghju
à tutti i nomi ! scusatemi !... mais la dame qui filme...
peut-être qu'au lieu de filmer, elle pourrait donner son
avis ! c'est Madame Germaine Finocchi ! Madame Finocchi
d'induve site ?"
Germaine Finocchi
: " De Bastia ! "
Pierre Mari
: " Alors votre avis sur ce qu'on a déjà dit depuis une
vingtaine de minutes maintenant ' "
Germaine Finocchi
: " Eh bien moi je suis d'accord sur pas mal de choses parce
qu'il faut garder quand même l'identité, la culture et puis
... "
Pierre .Mari
: " Pour vous, qu'est-ce qui est le plus important dans
tout cela, regarder le passe, par exemple, et essayer de
redevenir ce que nous étions dans notre culture, notre langue,
ressembler à nos pères, à nos grand-pères, ou bien. je ne
sais pas, s'adapter au monde et , voire peut-être, perdre
notre langue mais Etre nous-même d'une façon ou d'une autre
? "
Germaine Finocchi
: " Non, moi je pense que la langue, il ne faut pas la perdre
' II faut peut-être revoir, reprendre, comme vous dites,
la façon de vivre des grands-parents, pour que les enfants
aient leurs racines attachées très fort ' Mais il faut aussi
évoluer, il faut évoluer peut-être justement par l'autonomie.
"
Pierre Mari
: " Maddalena Silvagnoli, sintimu à vostra voce ' "
Madeleine Silvagnoli
. Aghju à di chi sô d 'accordu, hen '. sà d'accorda per
'autonomia mà aspettemu les institutions parce que moi je
suis un peu pessimiste quand même parce que je n'ai pas
très confiance . . "
Pierre Mari
: " En quoi, vous n'avez pas confiance ? en qui ? "
Madeleine Silvagnoli
: " Je n'ai pas confiance en la classe Politique qui est
en place depuis des décennies !"
Pierre Mari
: " Elle n'usurpe pas ses mandats puisque nous sommes en
démocratie... ' "
Madeleine Silvagnoli
: " Non, nous sommes d'accord, mais nous connaissons....
nous savons comment ça se pratique ! Bon, alors de toutes
façons, moi je suis pour une identité ... è ella hè dighja
fatta a Corsica di a nostra mamma, avemu i nostri vecchji
chi hami sudatu in Corsica.. so morti . Ava. so sottu a
terra di a Corsica, è a terra di a Corsica un la possu....
ghjè ind' u mo core. Allora, hè verra chi velemu fighjà
cume quelli chi sô
Ind' u l'isula ,
fighjà l 'avenire infaccia inseme, quelli di u Cuntinente
è quelli di a Corsica ! "
Pierre Mari
: " un solu populu '.... Toussaint Colombani. .. "
Toussaint Colombani
: " Alors, Pierre, je suppose que vous serez d'accord avec
moi pour passer au sujet qui est un débat dans le débat,
on peut dire, parce qu'avec la langue corse, bien sur ...
Alors je vais demander à Jeannot Magni de venir... ensuite
on va entrer dans le débat pour parler un peu des cours
de corse qui ont lieu ici, à Antibes, ... je crois que ça
marche bien, hein ? "
Jeannot Magni:
" Ecoutez, les cours de corse ont lieu depuis maintenant
96 ... On a commencé en décembre et on reçoit pratiquement...,
on a deux niveaux -débutants et perfectionnement -et on
a tous les mardis, à partir de 18hl5, à l'école Paul Arène,
ici, à Antibes, une quarantaine d'élèves qui viennent régulièrement.
Au mois d'octobre, évidemment il y a pratiquement plus de
80 inscriptions ! Et ce qui est intéressant, c'est qu'on
a des amis de la Corse, qui ont certainement des biens ou
des amis là-bas, et qui viennent apprendre le corse. Donc,
il y a quand même quelque chose d'assez paradoxal quand
on sait qu'en Corse e famiglié un parlanu mancu u corsu
à i figlioli, allora chjè qualcosa custi ' Dunque, nous,
en réaction, on se trouve en présence de personnes qui sont
quelquefois très àgées et qui viennent aux cours de corse.
A côté de ça, il y a des mamans qui viennent avec leurs
gamins, le mardi soir, pour suivre l'enseignement ... Parce
qu'il n'y a pas de mystère, on peut parler d'identité, on
peut parler de tout ce qu'on veut, si on perd la langue,
simu cotti, et je vais vous dire une chose, saremu cotti.
da qui à cinquant 'anni ùn parleremu mancu più francese
, avec Internet è cumpania, tuttu u monda parlara inglese.
"
Pierre Mari
: " Votre position donc, on la devine, vous êtes pour, par
exemple la question qui divise et la classe Politique et
les Corses en général, c'est la langue obligatoire ! "
Jeannot Magni
: " Mais, c'est indispensable ! II n'y a pas d'autre solution
! Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'arbitraire à enseigner
la langue obligatoire, les enfants ont aujourd'hui des tas
de capacités..., ils naissent et ce sont des petits génies,
ils seront tout de suite formés, ils sont capables d'apprendre
une, deux, trois, quatre langues, on le voit très bien autour
de nous ! Qu'est-ce que c'est que cette mascarade, ce cinéma
de ne pas vouloir enseigner ? II faut impérativement, pour
sauver la langue corse, pour sauver l'identité corse, pour
sauver la Corse et le Peuple Corse, il faut impérativement
que la langue soit obligatoire.. "Nous. en tous cas. c'est
dans cette lutte, dans ce combat que nous militons, nous
nous donnons du mal parce que ce n'est pas facile ! "
Pierre Mari
: " Voilà, Jeannot Magni, Président de l'Unione di i Corsi
d'Antibes. Maintenant, la position de Philippe Mouradian,
le temps d'arriver jusqu'à vous... "
Philippe Mouradian
: " Juste une observation, mais elle est valable pour tous
les autres sujets en définitive. C'est la capacité, des
fois, à s'accrocher sur des mots ! A partir du moment où
le constat de la nécessite de sauver et de développer la
langue corse est fait et souhaité par tout le monde, pourquoi
le caractère obligatoire ou non obligatoire soulève un débat
" Ce n'est pas ça l'essentiel ! L'essentiel, c'est que si
l'on est d'accord pour que la langue corse soit enseignée,
on doit trouver tous les moyens possibles pour qu'elle le
soit réellement et l'obligation, oui. moi. je crois à l'obligation
pour l'Etat ou les Collectivités Locales d'assumer leurs
responsabilités en matière de développement et d'enseignement
de la langue corse et je crois à la nécessite intelligente
de respecter les choix des citoyens. Et je pense qu'à ces
conditions-là on peut faire que la langue corse se développe
et devienne la langue de tout le monde. Mais que ce soit
choisi librement ! Mais obligation pour l'Etat, oui, ça
j'y crois ! II le faut ! Mais ne nous affrontons pas sur
des mots ! Je crois que la volonté de l'immense majorité
des gens qui habitent en Corse, c'est de s'approprier cette
culture et cette langue. C'est d'autant plus étonnant que
ce doit être encore une des rares régions en France où les
gens qui viennent de l'extérieur se trouvent très vite en
communauté avec la culture et la langue corse. Si on leur
donne les moyens, je pense qu'ils peuvent s'y associer,
s'y intégrer. Il faut laisser la liberté de choix ! Moi
je vois. nous qui habitons ici, je peux dire qu'on se trouve,
par rapport à la culture provençale, par exemple, on se
trouve complètement coupe de cette culture. Il faudrait
peut-être parler des raisons qui le font mais on a l'impression
d'être dans un territoire où tout ce qui en était l'originalité
a disparu. Et en Corse, on n'est pas dans cette situation-là.
On peut y arriver si on n'y fait pas attention. On n'est
pas dans cette situation-là parce que les gens qui viennent
de l'extérieur se sentent très vite intégrés à la culture
corse. Donc il faut mettre des moyens pour que ces choses-là
perdurent et deviennent une réalite pour tout le monde.
"
Toussaint Colombani
: " L'avis de Bernard Paoli, maintenant, qui s'est exprimé
tout à l'heure sur l'autonomie . de Bernard Paoli, de Ghisoni
"
Bernard Paoli
: " Oui. alors, deux mots sur la langue corse, deux choses
que je vais préciser... la première, la langue obligatoire,
bien entendu, je suis pour. comme Jeannot... II me semble
que si l'on forme des jeunes, par exemple, jusqu'au CAPES
en langue corse, il faut que ces gens aient des débouchés,
donc des postes, évidemment de professeurs, etc... II faut
que la langue corse devienne... on va dire encore un mot
qui va choquer, qu'elle devienne officielle aussi en Corse,
comment dire autrement ! Une autre chose : on parlait ...
je vais rebondir sur ce que disait Jeannot Magni tout à
l'heure, notre Président, C'est vrai qu'il y a des régions
- ça, je l'ai constaté de visu dans le monde, par exemple
il y a une île à laquelle je pense -, où les jeunes apprennent
naturellement 4 langues sans aucun problème, écrit et parlé.
Il y a deux langues officielles et cela ne leur pose absolument
aucun problème ! Je ne vois pas pourquoi on se limiterait
à une langue comme si c'était - ou le français, ou on meurt
et on perd toute culture et toute identité - C'est un faux
débat, on peut apprendre deux, trois et pourquoi pas quatre
langues. . c'est vrai que les enfants apprennent avec une
vitesse étonnante, nous on le voit, par exemple, au niveau
de nos propres familles ou de l'enseignement qu'on donne,
donc je crois qu'il n'y a aucun problème à ce niveau-là,
il faut aller de l'avant, encore une fois, et ne pas rester
bloqué sur les positions. "
Toussaint Colombani
: " Voilà, merci Bernard Paoli, on va essayer d'être court
sur les interventions Pierre... "
Pierre Mari
: " Oui, un regard extérieur de Paulette Epery, c'est ça
? "
Paulette Epery
: " Oui, je voulais juste dire que je ne suis pas née en
Corse, je n'ai pas de parents corses, j'ai commencé les
cours de corse avec Monsieur Magni en 96, nous sommes en
2000, je parle corse, j'écris corse, je comprends le corse
... "
Pierre Mari
: " ... et vous en êtes heureuse ! "
Paulette Epery
: " très heureuse ! " (Applaudissements dans la salle)
Pierre Mari
: " Alors, je voulais simplement aussi, Toussaint, demander
l'avis. ..Elle me dit non mais j'aimerais bien quand même
l'avoir d'Ariette Truchement qui est continentale. Mais...
vous avez une maison en Corse, donc ce débat vous intéresse....
Donnez-nous votre avis, vous avez... vous avez peur, non
? "
Ariette Truchement
: " Hé bien, je ne suis pas tellement... je n'ai pas tant
de facilité à parler, comme ça. He bien j'habite Antibes,.
bien sur, mais là ça fait quinze ans que je voyage en Corse,
donc j'ai achète une petite maison à Lumio, voilà, maintenant
je veux... avec la participation, essayer de rentrer un
peu dans l'organisation.... "
Pierre Mari
: " mais, comment vous vivez ce problème corse, est-ce que.
étant une personne.... vous vous sentez toujours de l'extérieur,
ou bien vous avez l'impression quelque part de commencer
à faire partie de cette communauté ? "
Ariette Truchement
: " On a été très bien admis en Corse, à n'importe quel
niveau . aussi bien au sud. Au nord de la Corse, et puis
c'est pour ça que... mais enfin, je suis très très profane
en la matière. "
Pierre Mari
: " Mais. ces problèmes qu'on discute, vous concernent ou
vous avez l'impression qu'ils ne vous concernent pas ? "
Ariette Truchement
: " Si, si, quand même, si, si, mais alors, j'étudie, j'écoute,
voilà, c'est tout. . "
Pierre Mari
: " Et... Madame Fontaine... "
Marine Fontaine
: " Alors, moi, bon écoutez, je suis tout à fait de l'avis
de Monsieur Bernard... qui est là et de Madame ... dont
je ne connais pas le nom, j'estime que le fait d'apprendre
la langue corse, loin d'être un handicap, au contraire,
ça permet, à l'heure de la mondialisation, d'arriver avec
sa richesse, avec son authenticité et plein de choses que
l'on peut partager avec les autres. "
Pierre Mari
; "Je vous remercie, hé bien Toussaint Colombani. on approche
de la fin. sans doute... "
Toussaint Colombani
: " Oui. il nous reste dix minutes Pierre, on n'est pas
très très près de la fin. ..Passons.on va passer donc avec
Guy Pacini.. , donc. de formation juridique, pour parler
peut-être des arrêtes Miot .. je crois que l'Unione Corsa
s'est exprimée sur ce sujet, il n'y a pas longtemps dans
la presse...Alors, c'est, je crois une position .. je crois
que vous êtes très favorables au maintien des arrêtés Miot.
"
Guy Pacini
: " Tout à fait. nous sommes favorables au maintien des
arrêtés Miot et nous avons formulé, dans le cadre du CDAM.
du Comité de Défense des Arrêtes Miot. un certain nombre
de propositions, qui, nous le souhaitons, vont être véhiculées
et aller un petit peu plus loin, afin que l'esprit et la
lettre des arrêtés Miot demeurent II nous semble, il nous
paraît nécessaire, même en ayant un regard un petit peu
extérieur, en tous les cas. dans l'immédiat, sur le problème
de la fiscalité et du développement économique qui est intimement
lié à la fiscalité en Corse, il nous semble nécessaire d'envisager
une fiscalité dérogatoire à l'intérieur de laquelle le maintien
de cet esprit des arrêtes Miot est d'évidence, et nécessaire.
Nous avons formulé un certain nombre de propositions, toujours
dans ce cadre-là, pour que le patrimoine foncier et immobilier
corse soit toujours dans cet esprit... lié, attaché à un
développement économique, et que les Corses de l'extérieur
ne soient pas exclus, mais au contraire, associés à ce travail
et à la mise en place de cette fiscalité spécifique. Nous
pensons, nous sommes convaincus, que ce qui a été, je dirais,
le lieu commun de la fiscalité dans notre pays demeurera
et que l'on arrête de faire un petit peu... je reprendrai
la parabole d'u buvone d'Avretu, de faire du bruit, parce
que u buvone d'Avretu. on l'a arrêté très rapidement, Saint-George
l'a arrêté. On peut arrêter de faire du bruit et trouver
des solutions pour que la fiscalité de cette île qui est
spécifique demeure et soit affinée pour que ce développement,
enfin, apparaisse, développement économique "
Toussaint Colombani
: " Merci, Pierre Mari, je crois que... ah, une position
sur..., toujours sur les arrêtés Miot, Monsieur De Rocca
Serra, pardon... "
Jacques De Rocca
Serra : " Oui, je voulais juste revenir... un mot sur
le débat précédent, pour la langue corse, l'Assemblée de
Corse et la Région, depuis longtemps, ont fait quand même
beaucoup et c'est une des langues les plus financées par
l'ensemble des régions de France ! Ceci étant dit, pour
ce qui concerne les arrêtés Miot, moi j'y voyais un gros
avantage, je dois dire aussi, même l'avantage de l'indivision
prolongée : c'est que nos paysages ont été plus protégés
d'être abîmés par les arrêtés Miot que par la loi du Littoral
! Le fait de ne pas pouvoir trouver les propriétaires a
permis à une grande partie de notre sol d'être sauvegardée
! Par contre, ce que je vois mal, c'est pourquoi cette solution
qui était une solution qui a montré son efficacité n'a pas
été étendue à l'ensemble de la France ! Moi, je parle comme
cela, je suis persuadé qu'y compris la Côte d'Azur aurait
bien été sauvée... je suis adjoint au maire à Nice, je vois,
j'ai vu disparaître beaucoup des très belles maisons qui
existaient, chaque fois que l'ancêtre mourait, dans les
six mois, il fallait vendre... on détruisait et on a détruit
les paysages. Alors, c'est une protection et moi, je suis
pour qu'on la conserve. "
Toussaint Colombani
: " Merci, Pierre, peut-être il nous reste 4, 5 minutes
pour parler de la reconnaissance du Peuple Corse, je vois
qu'on n'en a pas parlé, on a évité... on n'a pas évité,
on n'en a simplement pas eu l'occasion... Alors peut-être,
sur ce sujet. Monsieur Poli... "
Jean-Pierre Poli
: " Oui, sur le Peuple Corse, il y a une évidence, le fait
que nous soyons à Antibes. que nous vivions ici sur la Côte
d'Azur et que nous parlions avec intérêt de ce qui se passe
en Corse et que nous ressemions nous-même, ici. que notre
avenir est lié à ce qui se passe en Corse, c'est d'évidence
que le Peuple Corse existe' La Diaspora est la preuve par
9 de l'existence du Peuple Corse. Le Peuple Corse, ce n'est
pas simplement, les Corses qui vivent en Corse ! un gendarme
qui vit en Corse ne fait pas partie du Peuple Corse ! le
Peuple Corse, c'est les gens qui se reconnaissent dans cette
communauté de destin, liée à une tradition et à une île.
La reconnaissance du Peuple Corse, c'est : est-ce qu'on
doit reconnaître une évidence ou est-ce qu'on doit nier
une évidence pour des raisons d'ordre idéologique ? "
Toussaint Colombani
: " C'est plutôt une reconnaissance juridique ! "
Jean-Pierre Poli
: " Mais la reconnaissance juridique, c'est de savoir si
on fait passer l'idéologie jacobine avant les realites naturelles
! Et les réalites naturelles, c'est quoi ? c'est que à partir
du moment où des gens se reconnaissent comme une communauté
de destin, la logique, c'est d'accepter d'organiser cette
communauté de destin, ce n'est pas de refuser d'organiser
cette communauté de destin pour des raisons idéologiques
liées àl'Etat-Nation ! "
Pierre Mari
: " hé bien voilà. Toussaint Colombani, une petite manipulation
dont vous entendez quelques bruits..., le mot de la fin
maintenant... il reste deux minutes justement pour le mot
de la fin. quand je dis le mot de la faim, c'est le mot
di a famé postu chi simu à un ore menu cinque ... \ puisqu'il
n'y a pas de fin... le mot de la fin avec le Président.
Donc, Jeannot Magni, ce débat vous satisfait-il "
Jeannot Magni:
" Ecoutez, ça a déjà permis, comme vous l'avez entendu,
ça a permis à pas mal de personnes de s'expliquer par rapport
aux événements Nous sommes particulièrement heureux de vous
avoir reçus. Ce que je voulais dire également, c'est que
j'en reviens un petit peu à notre action, au siège de l'Unione
Corsa : nous avons également un rôle social, en trois ans.
nous avons quand même remis trois cent mille francs, trente
millions de centimes à des enfants handicapés de Corse et
d'Antibes. Notre association travaille également dans ce
sens-là, Vi ringrazziu. vous avez parlé de faim, aghju l'impressione,
mi pare.. surtout basgiate a nostra terra quande vô ritornate
quallà. oghJe. Merci à tutti... "
Pierre Mari
: " A femu tutt'e matine basgiendu a nostra moglia. dunque.
basgiemu a nostra terra ' Dunque....Su un ore menu cinque,
Marie-Pierre Grisoni. Marie-Pierre, merci de nous avoir
laissé cet espace.. ah. un petit mot encore peut-être oui...
Germaine Finocchi
: " oui. c'est Madame Finocchi là, je voulais embrasser
très fort ma fille Véronique à Cervione, qui m'écoute...
"
Pierre Mari
: " Y a-t-il d'autres messages, profitons-en, y a-t-il d'autres
messages pour la famille restée en Corse ?
Bernard Paoli
: " Mamma, si lu mi senti, ti basgiu ... '. "
Pierre Mari
" euh... Philippe Mouradian '. "
Philippe Mouradian
: " he ancu me, à mo mamma : je vais te ramener la boîte
pour le chat ! t'inquiète pas,hein • "
Pierre Mari
: " Voilà, c'est fini les messages, c'est bon ? bon, Marie-Pierre
Grisoni, nous vous rendons l'antenne à Bastia puisque, si
le magasine de la rédaction est terminé, la radio, elle.
continue. Noi, ci n 'andemu cu Toussaint Colombani à Juan-les-Pins
è m 'andà a mette l anchjuva in salamoghju ' Allé, avvedeci
à tutti ' "
Philippe Mouradian
à haute voix '... " Merci RCFM "(Applaudissements dans
la salle ) |