Débat sur l'avenir de la Corse
et sur le processus de Matignon

Retranscription intégrale de l'émission radiophonique
Forum du mercredi 8 mars 2000 (12h10-12h55),
Magasine réalisé par Radio Corsa Frequenza Mora
depuis " A Casa Corsa" siège social de "L'Unione Corsa"
15, rue du Dr. Rostan,06600 Antibes. Tél. 04.93.34.41.78

Document réalisé le 12 mars 2000 par Pierre-André Moretti
membre de la Commission "Cours de langue corse de l'Unione Corsa d'Antibes.

Pour RCFM - Toussaint Colombani, Pierre Mari - Journalistes.
Pour l'Unione Corsa - Jeannot Magni, Président de l'Unione Corsa", M. Cesarini, Henri Curtet, Paulette Epery, Eugène Ficaja, Germaine Finocchi, Marine Fontaine, Philippe Mouradian,Guy Pacini, Bernard Paoli, Jean-Pierre Poli, Jacques De Rocca Serra, Madeleine Silvagnoli, Ariette Truchement.

Caroline Saglione, antenne RCFM Bastia: " A la veille du débat à l'Assemblée de Corse concernant le " processus de Matignon ", RCFM poursuit ce midi sa série de magasines consacres à l'avenir de l'Ile. Ce midi donc. nous avons choisi de donner la parole à des Corses de la Diaspora. A cette occasion, nous serons en direct de l'Unione Corsa d'Antibes, en compagnie de Toussaint Colombani et de Pierre Mari. Toussaint Colombani. que nous retrouvons tout de suite pour un avant-goût de ce que sera ce magasine. "

Toussaint Colombani : " Oui. Caroline, donc là, en direct, vous l'avez dit, d'Antibes, avec les Corses de l'Unione Corsa d'Antibes, située au cœur de la vielle ville d'Antibes pour une émission spéciale consacrée au débat sur le processus de Matignon. Parole donc à la Diaspora de la Côte d'Azur où l'on compte près de 30000 Corses, et des Corses, croyez-moi qui ont des choses à dire. Et on est là pour ça 'C'est donc Jeannot Magni. le Président, qui nous reçoit, en compagnie des nombreux invités. Ils sont originaires d'un peu partout en Corse : Haute Corse et Corse du Sud, bien partagées, on peut dire Bastia, Patrimonio, Ghisoni, Sotta. Porti-Vecchju, Ficaja, Rutali, il faut les citer tous, pour n'oublier personne, Moriani, Cervione, Calenzana, Niolu. . Donc. de l'Unione Corsa d'Antibes, le Président Magni nous en parlera tout à l'heure, c'est une nouvelle philosophie de la représentation de la communauté insulaire sur le territoire continental, sans doute plus à l'écoute de la Société corse, tout en conservant un attachement, une fidélité sans réserve aux traditions qui sont les nôtres Ce débat, autour du processus de Matignon, intéresse la Diaspora, vous l'imaginez, à plus d'un titre, à la veille du vote de vendredi à l'assemblée de Corse. Les Corses de la Côte d'Azur diront leur sentiment sur ce que peut être l'avenir de l'Ile, dans différents thèmes, depuis une éventuelle amorce d'autonomie, la langue corse, la reconnaissance du Peuple Corse .. On se retrouvera tout à l'heure avec Pierre Mari et de nombreux invités "

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Caroline Saglione, antenne RCFM Bastia : " Nous retrouvons, en direct d'Antibes, de l'Unione Corsa, Toussaint Colombani, Pierre Mari et leurs invités. "

Toussaint Colombani : " Bonjour Caroline, vous l'avez dit, donc, un processus qui intéresse bien sur, les Corses de la Côte d'Azur, les Corses en général, et ici peut-être plus qu'ailleurs, puisqu'il y a une quinzaine d'invités aujourd'hui, c'est déjà pas mal, il y a beaucoup de monde et on peut s'attendre à un débat assez passionné. Alors, tout d'abord avec nous, Jeannot Magni. le Président de l'Unione Corsa d'Antibes qui va nous préciser l'objectif, bien sur défendre le drapeau corse en quelque sorte. Par quels moyens? "

Jeannot Magni : " La première des choses, c'est défendre l'identité corse et la culture, puisque tous les mardis, depuis 96, nous donnons des cours de corse qui ont un succès considérable . Dans le même temps, nous sommes inclus dans la défense des arrêtés Miot - on y reviendra tout à l'heure- et puis surtout défendre l'idée d'une Corse tolérante et généreuse, dans la tradition. "

Toussaint Colombani : "II y a un nouveau style d'amicale des Corses, un peu différente de celles que l'on a connues, je ne veux pas employer le mot de " passéistes, un peu passéistes " ?

Jeannot Magni : " Hé bien, le problème, c'est que nous, nous ne sommes pas, je ne veux pas dire du mal de qui que ce soit. une amicale traditionnelle, " pulenta è figatelli ", on tient à le souligner, c'est a dire que tout ce qui se passe en Corse nous intéresse au premier plan et nous sommes très vigilants par rapport aux événements que connaît la Corse actuellement. "

Toussaint Colombani : " Alors, je vais revenir sur la création d'une association, d'un mouvement qui s'est créé. C'est "Basta Cusi!", c'est quand même assez exceptionnel comme réalisation. "

Jeannot Magni : " Nous avons été choqués par ce qui s'est passé ces quelques dernières années, la réaction des médias par rapport aux événements qui se passaient en Corse, on était tourné en ridicule, donc on a créé le "Muvimentu Basta Cusi!" de manière à intervenir et éventuellement à saisir les tribunaux pour tout acte de racisme envers les Corses ou contre la communauté corse, voilà !

Toussaint Colombani : " De retour donc au cœur du débat. Jeannot Magni, vous pensez que ce débat va être passione aujourd'hui ? "

Jeannot Magni : " Ecoutez, moi j'ai trouvé une palette de nos compatriotes qui sont très passionnes, qui s'intéressent à ce qui se passe en Corse, c'est important ça ! Et il y a des idées différentes il est important que chacun puisse s'exprimer, nous sommes en démocratie et notre but, justement, c'est d'écouter toutes les personnes , vous savez, moi, il y a des gens avec lesquels je ne suis pas d'accord là-dessus aujourd'hui mais je pense qu'ils ont leur mot à dire, c'est tout à fait normal. Je tiens à vous dire que je vous remercie d'être venus à A Casa Corsa à Antibes parce que nous avions besoin de vous rencontrer aussi et surtout de rencontrer tous nos compatriotes de l'Ile. J'en profite pour saluer ma famille au Niolu, in Balagna. in Bastia. è m'arrestu qui ! Et merci d 'esse venuti

Toussaint Colombani ; " Bon. hé bien. tout le monde fera pareil, on va essayer si on a le temps. Pierre. Pierre Mari donc avec les thèmes que j'ai cites tout à l'heure, dans ce processus ; je veux dire l'essentiel, l'autonomie, la langue corse, la reconnaissance du peuple Corse au-delà des convictions, il y aura quelques idées qui vont ressortir, c'est tout à fait normal, on est là pour ça ! "

Pierre Mari : " Donc, on va prendre, si j'ose m'exprimer ainsi, la température des Corses qui n'aiment pas le figatellu et la pulenta, si j'en crois Jeannot Magni !D onc ce débat qui a commencé, il y a deux mois dans l'Ile, il était quand même intéressant de connaître l'avis des Corses du Continent, vous êtes représentatifs... Alors, une première question... s' exprime qui veut puisque c'est la démocratie directe en mettant un petit d - ne soyons pas trop emphatique -, mais quand même l'autonomie, on a l'impression que c'est un mot qui obtient une espèce de consensus en Corse, vous. qu'en pensez-vous, êtes-vous d'accord avec cette idée de consensus sur le terme d'autonomie ... Maître Guy Pacini, d'abord, qui est de Balagne je crois ... "

Guy Pacini : " De Sotta ! de Sotta !. . et qui aime le figatellu et la pulenta mais qui ne la met pas toujours en exergue ! Tout simplement pour dire : l'autonomie, c'est un mot qui est à la mode et qui est lourd de sens dans notre communauté mais également chez nous, en Corse. Est-ce qu'il faut être heurté par ce mot "je ne le pense pas, il y a une évolution qui se fait dans les mentalités, il y a des propositions qui sont faites dans les structures, les institutions, et peut-être il y t-il matière à adaption pour envisager ce qui. Il y a quelque temps encore, était rejeté, galvaudé, critiqué. Je crois qu'il y a une réflexion à mener autour des propositions qui sont formulées et qu'ensemble, y compris les Corses de l'extérieur, nous devons mener cette réflexion ! "

Pierre Mari : " Alors, vous Maître Pacini, allons plus loin dans la vie. Vous êtes en faveur de quoi, très précisément, si on parle de changement et d'évolution, en Corse ? "

Guy Pacini : " Moi, la dimension autonomiste ne me dérange pas du tout, ne me gène pas du tout. Je veux, je souhaite en tous les cas, qu'y soit associée toute la communauté corse de l'extérieur, non seulement associée, mais qu'elle soit représentée. Il faudra, là aussi innover, trouver les moyens de voir cette communauté participer à l'avenir de notre pays, soit par le biais d'élections, on y reviendra probablement, mais, en tous les cas, au niveau de cooptations éventuelles dans les grandes structures qui seront soit améliorées, soit modifiées, soit proposées dans le cadre de ces institutions à venir. "

Pierre Mari ; " Toussaint Colombani, on fait à nouveau le tour de la salle... "

Toussaint Colombani : " Oui, alors, peut-être quelqu'un va répondre au propos de Monsieur Pacini, - quelques petits problèmes techniques - on va essayer répondre sur l'autonomie... avec... "

Jean-Pierre Poli : " Jean-Pierre Poli. de la Balagne, de Speluncatu exactement. Moi je pense aussi que l'autonomie ne doit pas faire peur. On a toujours l'impression que ce mot est un mot qui heurte les sensibilités, notamment de Corses assez conservateurs qui ne voudraient pas changer les relations qu'il peut y avoir entre la Corse et la France, je crois que ce mot ne doit pas faire peur. parce qu'au niveau de l'Europe, il y a des tas de régions autonomes, ces régions autonomes sont des régions qui fonctionnent relativement bien. que ce soit en Allemagne où vous avez l'Etat libre de Bavière ou en Italie où vous avez la Sardaigne qui a une autonomie interne. et je crois qu'il faut appréhender l'autonomie comme un instrument pour essayer de faire autre chose en Corse, d'avoir une gestion qui soit meilleure, et donc, il n'y a pas à avoir d'hostilité de principe sur l'autonomie interne. "

Pierre Mari : " Alors, il s'est passé quand même quelques années, si l'on remonte aux années 70 où l'autonomie a été amorcée, les idées autonomistes ont avancé... Qu'est-ce qui a fait peur, selon vous à l'Etat, au Gouvernement, je veux dire ... " "

Jean-Pierre Poli : " Je crois que, si vous voulez, c'est un problème de fond. Je crois qu'en France, nous vivons dans un système d'Etat-Nation qui est basé sur une idéologie qui n'est pas due simplement due à la Révolution mais qui est antérieure à la Révolution, qui est une idéologie centralisatrice : au départ, au niveau de la Rovauté française, on avait le principe - un roi et ses sujets -, ensuite la Révolution française a amplifié cette idée qu'il y avait des hommes -des citoyens- et un Etat et qu'il ne pouvait pas y avoir de corps intermédiaires entre l'Etat et les citoyens. L'évolution qui se présente au niveau de l'Europe est une évolution qui change les mentalités au niveau des relations entre l'Etat et les citoyens et qui heurte la sensibilité française puisque la France est basée sur ce principe jacobin. Donc, il y a effectivement un problème institutionnel mais, pour nous les Corses, ce problème institutionnel doit permettre une évolution vers ce qui nous satisfait, nous ! je pense que la plupart des Corses veulent une reconnaissance de l'identité corse, et la reconnaissance de l'identité corse va vers une meilleure gestion, plus rapprochée des citoyens Corses que nous sommes. "

Toussaint Colombani : " II y a peut-être quelqu'un qui veut répondre à la position de Monsieur Poli sur l'autonomie et la reconnaissance du Peuple Corse ... peut-être avec ... voilà. Pierre ... "

Pierre Mari "II y a un phénomène curieux là. il y a M. Eugène Ficaja qui est de Patrimonio et Philippe MORADIAN qui est de Ficaja.. on peut peut-être, .j'ai vu M. Ficaja qui hochait un petit peu la tête quand on parlait d'évolution institutionnelle. . ça voulait dire quoi donc ces hochements ... ~ "

Eugène Ficaja : " ça voulait dire que je suis d'accord ! tout simplement ! ça veut dire que je constate moi que la majorité des Européens vivent sous un statut d'autonomie et je ne comprends pas qu'il ait fallu plus de 25 ans-je rappelle qu'Edmond Simeoni réclamait un statut d'autonomie en 75, si je ne me trompe, il a fallu plus de 25 ans pour faire évoluer les choses, et je constate aussi qu'il y a toujours au sein de l'Assemblée de Corse des gens qui font un raisonnement qui me paraît un peu bizarre : " ça ne fonctionne pas. et il faut continuer ! " ! Donc le statut quo est impossible et je crois qu'il faut changer... un statut d'autonomie... il faudrait discuter du contenu du statut d'autonomie évidemment et du contrôle de l'Etat sur l'autonomie en Corse. Voilà ce que je pense. "

Pierre Mari : " Alors, Monsieur Ficaja... Et le monsieur de Ficaja ! "

Philippe Mouradian : " Bonjour, oui. moi. ..si j'ai bien compris la façon dont vous me posez la question, je devrais être le représentant de l'anti-autonomie ? Hé ! bien, au risque de choquer, je voudrais dire que ce n'est pas du tout le cas ' Non pas que je me définisse comme un autonomiste ou comme un anti-autonomiste... je pense plutôt que pour moi la question essentielle, c'est : " Tout ce qui va permettre à la Corse d'avancer sur la voie du progrés est souhaitable ", le débat sur les questions essentielles, le débat sur le développement économique, le débat sur la justice sociale... Et si ça passe, pour arriver a ce débat-là, par des questions, y compris sur le statut, l'évolution du statut institutionnel, moi j'y suis prêt. Je pense que tous les Corses du Continent ou de l'Ile sont prêts à le faire. Le problème, c'est que je considère qu'effectivement, il faut dépassionner les choses et ne pas mettre derrière chaque mot un épouvantail qui empêcherait les Corses de confronter leurs opinions. Donc, pour moi. l'idée d'autonomie ne me choque pas. "

Pierre Mari : " Donc, dans le débat, il n'y a plus rien de sacré et c'est ça qui est intéressant On peut parler de tout, de tout ? "

Philippe Mouradian : " Je considère qu'il est nécessaire de parler de tout et de laisser tout le monde s'exprimer sur tout. Il n'y a qu'à cette condition-là qu'on arrivera à faire avancer les choses. Je pense qu'il ne peut pas y avoir d'évolution d'aucune sorte si les gens ne s'expriment pas donc ça s'adresse à ceux qui agitent les épouvantails de l'autonomie ou de l'indépendance pour empêcher ce débat, et ça s'adresse aussi à ceux qui pensent que la violence est une façon de faire avancer le débat. Je pense que ces deux façons de voir les choses paralysent toute évolution en Corse. Je crois qu'il faut maintenant parler et déposer... je me sens en cela parfaitement d'accord avec cette idée qu'avait avancée Edmond SIMEONI qu'il faut déposer les armes et mettre les cartes sur la table. A ces conditions-là les choses peuvent avancer et tout le monde en tirera bénéfice "

Pierre Mari : " Monsieur De Rocca Serra, quel est votre avis... cette idée du débat qui n'est plus sacré... donc, on doit parler de tout, absolument de tout, de l'indépendance, de la violence ? Vous quelle est votre réaction ? "

Jacques De Rocca Serra : " oui. ma réaction, c'est d'abord de considérer que quand on est citoyen, on a le droit de s'exprimer individuellement. Il faut le faire... bien que j'aie à la fois le nom. le prénom et toute une origine liée aux 25 dernières années qui se sont passées en Corse puisque j'ai été quand même 17 ans aux affaires 8 ans au titre du Ministère de l'Intérieur et ensuite 9 ans comme Directeur Général de la Région. J'étais un peu le bras droit de Jean-Paul lui-même, c'était quelqu'un qui ne refusait absolument pas la discussion. Cela étant, une discussion où on discute depuis 25 ans, 30 ans ça fait 30 ans qu'à chaque fois on fait des modifications et ces modifications n'aboutissent pas à quelque chose d'extraordinaire. Je crois que... moi je deviens un véritable ... je me découvre un vrai conservateur, c'est à dire qu'il ne faut changer les choses que quand on peut faire mieux ' Et il faut avoir des chances de faire mieux .. .j'ajoute une chose qui est importante et qui est la suivante : c'est que.. l'autonomie bien sur, mais il faut aussi les moyens du progrès... Les moyens du progrès, qui va nous les apporter " Est-ce que c'est la France à laquelle moi je souhaite appartenir toujours et qui généralement plus généreuse en réalité que ne l'est l'Europe contrairement à ce qu'on imagine et qui est moins tatillonne iOu bien, si on veut une autonomie totale, à partir de ce moment-là, il serait tout à fait logique que la solidarité nationale soit assumée par le préfet. "

Pierre Mari " Monsieur De Rocca Serra, vous dites " je suis conservateur " mais il y a un problème en Corse... Peut-on rester conservateur si on veut vraiment résoudre ce problème ? "

Jacques De Rocca Serra : " Je vais vous dire, je suis un vrai conservateur mais dans la mesure où je pense que les deux statuts - le statut Deferre et le statut Joxe - ont été en partie... ont complique les choses alors qu'on pouvait les simplifier. Le problème est que les compétences doivent être données à chacun, qu'il ne faut pas les mélanger et qu'il ne faut pas, chaque fois qu'on veut faire un projet en Corse avoir besoin d'avoir l'aval des Ministères de l'Etat, du Conseil Général, de la Région, de l'Europe... et on attend trois sous d'ici, trois sous de la... Les affaires sont horriblement compliquées à gérer, je peux le dire d'expérience ' "

Pierre Mari " Nous continuons le tour de salle. Toussaint Colombani, avec d'autres avis et après il sera intéressant de demander l'avis de personnes qui ne sont pas Corses et qui sont présentes ici

Toussaint Colombani : " Bernard Paoli. c'est ça ? Bastiais je crois... "

Bernard Paoli : " Du Fium'orbu, Ghisoni... "

Toussaint Colombani : " Donc avec une différence de génération De Rocca Serra, un regard différent sur l'autonomie '"

Bernard Paoli ; " Oui. une différence de vue aussi, d'appréciation, le statut actuel a ses limites... on l'a bien vu avec l'affaire De Courson... on s'est assis sur l'autorité de l'Assemblée de Corse, qui devait prendre des décisions en matière fiscale, notamment.. A Paris, ça s'est décidé sans aucune espèce de débat, donc on a bien vu que la réalité du pouvoir n'est pas en Corse. Il faut la placer, la replacer à ce niveau-là... il y a une évolution qui est nécessaire, obligatoire, s'opposer à ça, ça me paraît s'opposer à une évidence..., la seule chose que je voudrais dire c'est qu'il ne faut pas perdre de vue qu'on a affaire à un Etat effectivement jacobin, et je pense qu'il n'a pas encore abattu toutes ses cartes, qu'il va donner le maximum de fil à retordre, finalement, dans ce débat... j'en suis un peu déçu évidemment mais je croîs qu'il faut être réaliste, on a affaire à un état français fort, puissant, qui veut le rester et qui va peut-être faire maximum pour ne pas découvrir tout son jeu immédiatement... ça va être un débat..

Toussaint Colombani : " Vous êtes pessimiste " ! "

Bernard Paoli : ... je suis réaliste, depuis le début de l'arrivée de la France, je ne veux pas faire - je n'en ai pas la compétence - un cour d'histoire, mais depuis l'arrivée de l'armée royale en Corse, on a bien vu la manière dont ça s'est passé, Aleria, par exemple, avec quelques autonomistes dans une cave, où on a eu une démonstration de force avec plus de 6000 hommes, gardes mobiles etc... alors que quand c'est pour arrêter quelques excités dans un appartement, on envoie un service spécialisé de Police, là on a vu véritablement un déploiement de forces qui s'est terminé, malheureusement par la mort de CRS. Tout au long de notre histoire on a vu quand même un pouvoir fort qui a voulu le rester, qui a vu la Corse avec une certaine morgue... On a affaire à des énarques à qui on répète à longueur de temps que c'est l'élite de la nation. On va avoir à discuter avec ces gens-là, ils ont des choses dans la tête, ils ont des projets clairs, à mon avis, dans la tête, je suis effectivement assez pessimiste pour l'avenir... la lutte n'est pas finie, elle va être dure, j'espère qu'on va évoluer d'une manière vraiment positive pour la Corse. Voila ce que j'avais à dire. "

Toussaint Colombani : " Sur le contenu, par exemple, si programme d'autonomie il y avait, si projet d'autonomie il y avait, est-ce que vous avez imaginé le contenu de ce programme ? "

Bernard Paoli : " Je crois que le débat va amener des réponses, moi je suis comme tous les Corses, je parle en mon nom personnel, je suis ouvert un peu à toutes les idées, à toutes les solutions possibles.. Je crois que le débat devrait nous amener des réponses, effectivement... Ce qu'il ne faut pas. c'est que le débat soit bloqué par des conservateurs, justement - on en parlait tout -à- l'heure -, il faut qu'on avance vite, à mon avis. notamment, je pense au problème de la langue corse, si les solutions ne sont pas trouvées dans les 10, 15 ans à venir, tous les spécialistes de ce problème disent que la langue a de grandes chances de disparaître... II faut que le débat avance vite, notamment dans ce domaine. "

Toussaint Colombani : " Voilà, on reviendra donc sur le problème de la langue et je crois qu'il nous reste, Pierre quelques deux minutes avant le flash d'informations... Peut-être quelqu'un a-t-il encore une question sur l'autonomie ? C'est Monsieur... ? "

M. Cesarini : " Cesarini, de Cervione... oui, je voudrais d'abord répondre à une question que vous n'avez pas posée... puisque vous ne semblez retenir que l'autonomie .. Vous n'avez pas parlé de l'indépendance. . Je voudrais dire que je suis contre l'aventure, je ne vois pas d'avenir, disons, dans les 20 ans. en dehors de la France et de la République. Mais par contre j'estime que la notion d'autonomie a beaucoup évoluée, je n'ai rencontré personne qui soit hostile à la notion d'autonomie, par contre, l'autonomie est une auberge espagnole et il s'agit de savoir ce qu'on va mettre dans la notion l'autonomie. Pour être bref, je dirai que je suis pour une autonomie de gestion, mais pas pour une autonomie de souveraineté. J'admets qu'il y ait un transfert de compétences dans beaucoup de domaines, par exemple, que l'Assemblée de Corse, disons, s'occupe de tout ce qui est l'environnement, le patrimoine, la culture. Je ne suis pour qu'elle ait des attributions dans le domaine législatif .Mais en ce qui concerne, par exemple, le domaine fiscal, j'admets très bien que l'on transfère à la Corse des ressources... comme la TAC, la TIP et par exemple, là je vois un moyen de régler le problème des arrêtés Miot. Une façon de régler ce problème, disons, c'est de confier entièrement à la Corse le problème des droits de transmission du patrimoine. A elle de fixer les taux, les plafonds et de rendre en charge tous les dispositifs pour sortir de l'indivision qui bloquent. Je voudrais dire surtout que je suis pour l'autonomie parce que je suis pour la démocratie. Or en Corse, il n'y a jamais eu de démocratie. Le reproche majeur qu'on peut faire à la France, c'est de ne pas avoir permis un espace de démocratie en Corse comme sur l'hexagone - les Corses sont en partie responsables - mais je crois que l'autonomie permettra précisément enfin à la Corse d'être citoyenne et de promouvoir une véritable démocratie. "

Toussaint Colombani : " Voilà, merci Monsieur Cesarini. on va couper quelques minutes ce débat consacré ici en direct depuis l'Unione Corsa d'Antibes pour le flash d'informations que nous présente Caroline Saglione ...///...

FLASH D'INFOS RCFM 12 h 30

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Reprise des débats :

Marie-Pierre Grisoni : antenne RCFM Bastia : " Merci Caroline, il est 12 h 33 minutes... je vous propose de retourner du côte d'Antibes où se trouvent Toussaint Colombani et Pierre Mari. "

Pierre Mari : s'adressant aux studios RCFM de Bastia: " Voilà, tout à fait Marie-Pierre, merci de nous prêter un petit peu de votre temps pour continuer ce Forum, ce débat qui est quand même exceptionnel puisque RCFM se déplace à Antibes, à l'Unione Corsa. Il est intéressant, puisqu'on est sur le Continent d'entendre l'avis d'un continental et comment, depuis le Continent, on voit toutes ces affaires ! On a l'impression que quelquefois, sur le Continent, quand on évoque le problème corse, on pense à un repli sur soi, une espèce de repli nationaliste, quand on parle de l'obligation de l'enseignement, par exemple, comment le vivez-vous ? Est-ce pour vous un repli nationaliste ou est-ce une autre façon de voir la France ? "

Henri Curtet: " Ce n'est pas un repli, absolument pas, l'autonomie, je crois que c'est la solution, et le point de vue des continentaux... ils n'ont ni peur de l'autonomie, ni rien du tout ! par contre, si vous voulez, moi personnellement, là où je vois le problème, c'est le problème économique. Ca fait 40 ans que j'entends des Politiques de toutes sortes parler d'économie... je ne vois rien venir, à part une troisième préfecture à Corte, c'est tout ce que je vois comme débouchés ! Vous savez, une université qui ressort des étudiants à la pelle, qui veulent en plus rester sur l'Ile... et il n'y a aucun débouché ! Alors c'est ça, l'inquiétude que j'ai, autrement l'autonomie, je crois que c'est la solution, à condition que la langue soit maintenue puisque, dans l'Europe, ce sera une richesse d'avoir une région autonome, avec sa langue. C'est un petit point de vue que j'ai là-dessus... mais, je le répète, je suis très inquiet sur la gestion de l'autonomie. "

Pierre Mari : " Alors, on entend aussi des avis sur le Continent : on dit : " bon l les Corses, s'ils veulent l'autonomie ou l'indépendance, très bien ! Qu'ils la prennent mais la solidarité nationale stop ! " Est-ce que vous voyez les choses comme ça ~ "

Henri Curtet: " Non, absolument pas, moi, les gens que je fréquente qui sont absolument continentaux, ça ne les choque absolument pas ! Et il n'est pas question de se débarrasser de la Corse, pas du tout, au contraire, moi je crois qu'il faut la garder dans son autonomie. Les gens ne sont pas choqués, pas du tout...Il y en a, si on leur parle d'indépendance, peut-être que là c'est un mot qui va un peu plus loin, c'est tout, mais l'autonomie, absolument pas ! Et combien avons-nous de régions autonomes en Europe, hein, je parle de l'Europe à ce moment-la . Ce qui va enrichir un petit peu tout ça à condition, bien sur, que l'identité soit maintenue, que la langue soit maintenue etc... c'est un petit point de vue !... "

Pierre Mari : " Point de vue ! pourquoi petit ! ? ... Madame Pacini, non pas Madame Pacini, mi ' allora mi sbagiiu ! buleghju à tutti i nomi ! scusatemi !... mais la dame qui filme... peut-être qu'au lieu de filmer, elle pourrait donner son avis ! c'est Madame Germaine Finocchi ! Madame Finocchi d'induve site ?"

Germaine Finocchi : " De Bastia ! "

Pierre Mari : " Alors votre avis sur ce qu'on a déjà dit depuis une vingtaine de minutes maintenant ' "

Germaine Finocchi : " Eh bien moi je suis d'accord sur pas mal de choses parce qu'il faut garder quand même l'identité, la culture et puis ... "

Pierre .Mari : " Pour vous, qu'est-ce qui est le plus important dans tout cela, regarder le passe, par exemple, et essayer de redevenir ce que nous étions dans notre culture, notre langue, ressembler à nos pères, à nos grand-pères, ou bien. je ne sais pas, s'adapter au monde et , voire peut-être, perdre notre langue mais Etre nous-même d'une façon ou d'une autre ? "

Germaine Finocchi : " Non, moi je pense que la langue, il ne faut pas la perdre ' II faut peut-être revoir, reprendre, comme vous dites, la façon de vivre des grands-parents, pour que les enfants aient leurs racines attachées très fort ' Mais il faut aussi évoluer, il faut évoluer peut-être justement par l'autonomie. "

Pierre Mari : " Maddalena Silvagnoli, sintimu à vostra voce ' "

Madeleine Silvagnoli . Aghju à di chi sô d 'accordu, hen '. sà d'accorda per 'autonomia mà aspettemu les institutions parce que moi je suis un peu pessimiste quand même parce que je n'ai pas très confiance . . "

Pierre Mari : " En quoi, vous n'avez pas confiance ? en qui ? "

Madeleine Silvagnoli : " Je n'ai pas confiance en la classe Politique qui est en place depuis des décennies !"

Pierre Mari : " Elle n'usurpe pas ses mandats puisque nous sommes en démocratie... ' "

Madeleine Silvagnoli : " Non, nous sommes d'accord, mais nous connaissons.... nous savons comment ça se pratique ! Bon, alors de toutes façons, moi je suis pour une identité ... è ella hè dighja fatta a Corsica di a nostra mamma, avemu i nostri vecchji chi hami sudatu in Corsica.. so morti . Ava. so sottu a terra di a Corsica, è a terra di a Corsica un la possu.... ghjè ind' u mo core. Allora, hè verra chi velemu fighjà cume quelli chi sô

Ind' u l'isula , fighjà l 'avenire infaccia inseme, quelli di u Cuntinente è quelli di a Corsica ! "

Pierre Mari : " un solu populu '.... Toussaint Colombani. .. "

Toussaint Colombani : " Alors, Pierre, je suppose que vous serez d'accord avec moi pour passer au sujet qui est un débat dans le débat, on peut dire, parce qu'avec la langue corse, bien sur ... Alors je vais demander à Jeannot Magni de venir... ensuite on va entrer dans le débat pour parler un peu des cours de corse qui ont lieu ici, à Antibes, ... je crois que ça marche bien, hein ? "

Jeannot Magni: " Ecoutez, les cours de corse ont lieu depuis maintenant 96 ... On a commencé en décembre et on reçoit pratiquement..., on a deux niveaux -débutants et perfectionnement -et on a tous les mardis, à partir de 18hl5, à l'école Paul Arène, ici, à Antibes, une quarantaine d'élèves qui viennent régulièrement. Au mois d'octobre, évidemment il y a pratiquement plus de 80 inscriptions ! Et ce qui est intéressant, c'est qu'on a des amis de la Corse, qui ont certainement des biens ou des amis là-bas, et qui viennent apprendre le corse. Donc, il y a quand même quelque chose d'assez paradoxal quand on sait qu'en Corse e famiglié un parlanu mancu u corsu à i figlioli, allora chjè qualcosa custi ' Dunque, nous, en réaction, on se trouve en présence de personnes qui sont quelquefois très àgées et qui viennent aux cours de corse. A côté de ça, il y a des mamans qui viennent avec leurs gamins, le mardi soir, pour suivre l'enseignement ... Parce qu'il n'y a pas de mystère, on peut parler d'identité, on peut parler de tout ce qu'on veut, si on perd la langue, simu cotti, et je vais vous dire une chose, saremu cotti. da qui à cinquant 'anni ùn parleremu mancu più francese , avec Internet è cumpania, tuttu u monda parlara inglese. "

Pierre Mari : " Votre position donc, on la devine, vous êtes pour, par exemple la question qui divise et la classe Politique et les Corses en général, c'est la langue obligatoire ! "

Jeannot Magni : " Mais, c'est indispensable ! II n'y a pas d'autre solution ! Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'arbitraire à enseigner la langue obligatoire, les enfants ont aujourd'hui des tas de capacités..., ils naissent et ce sont des petits génies, ils seront tout de suite formés, ils sont capables d'apprendre une, deux, trois, quatre langues, on le voit très bien autour de nous ! Qu'est-ce que c'est que cette mascarade, ce cinéma de ne pas vouloir enseigner ? II faut impérativement, pour sauver la langue corse, pour sauver l'identité corse, pour sauver la Corse et le Peuple Corse, il faut impérativement que la langue soit obligatoire.. "Nous. en tous cas. c'est dans cette lutte, dans ce combat que nous militons, nous nous donnons du mal parce que ce n'est pas facile ! "

Pierre Mari : " Voilà, Jeannot Magni, Président de l'Unione di i Corsi d'Antibes. Maintenant, la position de Philippe Mouradian, le temps d'arriver jusqu'à vous... "

Philippe Mouradian : " Juste une observation, mais elle est valable pour tous les autres sujets en définitive. C'est la capacité, des fois, à s'accrocher sur des mots ! A partir du moment où le constat de la nécessite de sauver et de développer la langue corse est fait et souhaité par tout le monde, pourquoi le caractère obligatoire ou non obligatoire soulève un débat " Ce n'est pas ça l'essentiel ! L'essentiel, c'est que si l'on est d'accord pour que la langue corse soit enseignée, on doit trouver tous les moyens possibles pour qu'elle le soit réellement et l'obligation, oui. moi. je crois à l'obligation pour l'Etat ou les Collectivités Locales d'assumer leurs responsabilités en matière de développement et d'enseignement de la langue corse et je crois à la nécessite intelligente de respecter les choix des citoyens. Et je pense qu'à ces conditions-là on peut faire que la langue corse se développe et devienne la langue de tout le monde. Mais que ce soit choisi librement ! Mais obligation pour l'Etat, oui, ça j'y crois ! II le faut ! Mais ne nous affrontons pas sur des mots ! Je crois que la volonté de l'immense majorité des gens qui habitent en Corse, c'est de s'approprier cette culture et cette langue. C'est d'autant plus étonnant que ce doit être encore une des rares régions en France où les gens qui viennent de l'extérieur se trouvent très vite en communauté avec la culture et la langue corse. Si on leur donne les moyens, je pense qu'ils peuvent s'y associer, s'y intégrer. Il faut laisser la liberté de choix ! Moi je vois. nous qui habitons ici, je peux dire qu'on se trouve, par rapport à la culture provençale, par exemple, on se trouve complètement coupe de cette culture. Il faudrait peut-être parler des raisons qui le font mais on a l'impression d'être dans un territoire où tout ce qui en était l'originalité a disparu. Et en Corse, on n'est pas dans cette situation-là. On peut y arriver si on n'y fait pas attention. On n'est pas dans cette situation-là parce que les gens qui viennent de l'extérieur se sentent très vite intégrés à la culture corse. Donc il faut mettre des moyens pour que ces choses-là perdurent et deviennent une réalite pour tout le monde. "

Toussaint Colombani : " L'avis de Bernard Paoli, maintenant, qui s'est exprimé tout à l'heure sur l'autonomie . de Bernard Paoli, de Ghisoni "

Bernard Paoli : " Oui. alors, deux mots sur la langue corse, deux choses que je vais préciser... la première, la langue obligatoire, bien entendu, je suis pour. comme Jeannot... II me semble que si l'on forme des jeunes, par exemple, jusqu'au CAPES en langue corse, il faut que ces gens aient des débouchés, donc des postes, évidemment de professeurs, etc... II faut que la langue corse devienne... on va dire encore un mot qui va choquer, qu'elle devienne officielle aussi en Corse, comment dire autrement ! Une autre chose : on parlait ... je vais rebondir sur ce que disait Jeannot Magni tout à l'heure, notre Président, C'est vrai qu'il y a des régions - ça, je l'ai constaté de visu dans le monde, par exemple il y a une île à laquelle je pense -, où les jeunes apprennent naturellement 4 langues sans aucun problème, écrit et parlé. Il y a deux langues officielles et cela ne leur pose absolument aucun problème ! Je ne vois pas pourquoi on se limiterait à une langue comme si c'était - ou le français, ou on meurt et on perd toute culture et toute identité - C'est un faux débat, on peut apprendre deux, trois et pourquoi pas quatre langues. . c'est vrai que les enfants apprennent avec une vitesse étonnante, nous on le voit, par exemple, au niveau de nos propres familles ou de l'enseignement qu'on donne, donc je crois qu'il n'y a aucun problème à ce niveau-là, il faut aller de l'avant, encore une fois, et ne pas rester bloqué sur les positions. "

Toussaint Colombani : " Voilà, merci Bernard Paoli, on va essayer d'être court sur les interventions Pierre... "

Pierre Mari : " Oui, un regard extérieur de Paulette Epery, c'est ça ? "

Paulette Epery : " Oui, je voulais juste dire que je ne suis pas née en Corse, je n'ai pas de parents corses, j'ai commencé les cours de corse avec Monsieur Magni en 96, nous sommes en 2000, je parle corse, j'écris corse, je comprends le corse ... "

Pierre Mari : " ... et vous en êtes heureuse ! "

Paulette Epery : " très heureuse ! " (Applaudissements dans la salle)

Pierre Mari : " Alors, je voulais simplement aussi, Toussaint, demander l'avis. ..Elle me dit non mais j'aimerais bien quand même l'avoir d'Ariette Truchement qui est continentale. Mais... vous avez une maison en Corse, donc ce débat vous intéresse.... Donnez-nous votre avis, vous avez... vous avez peur, non ? "

Ariette Truchement : " Hé bien, je ne suis pas tellement... je n'ai pas tant de facilité à parler, comme ça. He bien j'habite Antibes,. bien sur, mais là ça fait quinze ans que je voyage en Corse, donc j'ai achète une petite maison à Lumio, voilà, maintenant je veux... avec la participation, essayer de rentrer un peu dans l'organisation.... "

Pierre Mari : " mais, comment vous vivez ce problème corse, est-ce que. étant une personne.... vous vous sentez toujours de l'extérieur, ou bien vous avez l'impression quelque part de commencer à faire partie de cette communauté ? "

Ariette Truchement : " On a été très bien admis en Corse, à n'importe quel niveau . aussi bien au sud. Au nord de la Corse, et puis c'est pour ça que... mais enfin, je suis très très profane en la matière. "

Pierre Mari : " Mais. ces problèmes qu'on discute, vous concernent ou vous avez l'impression qu'ils ne vous concernent pas ? "

Ariette Truchement : " Si, si, quand même, si, si, mais alors, j'étudie, j'écoute, voilà, c'est tout. . "

Pierre Mari : " Et... Madame Fontaine... "

Marine Fontaine : " Alors, moi, bon écoutez, je suis tout à fait de l'avis de Monsieur Bernard... qui est là et de Madame ... dont je ne connais pas le nom, j'estime que le fait d'apprendre la langue corse, loin d'être un handicap, au contraire, ça permet, à l'heure de la mondialisation, d'arriver avec sa richesse, avec son authenticité et plein de choses que l'on peut partager avec les autres. "

Pierre Mari ; "Je vous remercie, hé bien Toussaint Colombani. on approche de la fin. sans doute... "

Toussaint Colombani : " Oui. il nous reste dix minutes Pierre, on n'est pas très très près de la fin. ..Passons.on va passer donc avec Guy Pacini.. , donc. de formation juridique, pour parler peut-être des arrêtes Miot .. je crois que l'Unione Corsa s'est exprimée sur ce sujet, il n'y a pas longtemps dans la presse...Alors, c'est, je crois une position .. je crois que vous êtes très favorables au maintien des arrêtés Miot. "

Guy Pacini : " Tout à fait. nous sommes favorables au maintien des arrêtés Miot et nous avons formulé, dans le cadre du CDAM. du Comité de Défense des Arrêtes Miot. un certain nombre de propositions, qui, nous le souhaitons, vont être véhiculées et aller un petit peu plus loin, afin que l'esprit et la lettre des arrêtés Miot demeurent II nous semble, il nous paraît nécessaire, même en ayant un regard un petit peu extérieur, en tous les cas. dans l'immédiat, sur le problème de la fiscalité et du développement économique qui est intimement lié à la fiscalité en Corse, il nous semble nécessaire d'envisager une fiscalité dérogatoire à l'intérieur de laquelle le maintien de cet esprit des arrêtes Miot est d'évidence, et nécessaire. Nous avons formulé un certain nombre de propositions, toujours dans ce cadre-là, pour que le patrimoine foncier et immobilier corse soit toujours dans cet esprit... lié, attaché à un développement économique, et que les Corses de l'extérieur ne soient pas exclus, mais au contraire, associés à ce travail et à la mise en place de cette fiscalité spécifique. Nous pensons, nous sommes convaincus, que ce qui a été, je dirais, le lieu commun de la fiscalité dans notre pays demeurera et que l'on arrête de faire un petit peu... je reprendrai la parabole d'u buvone d'Avretu, de faire du bruit, parce que u buvone d'Avretu. on l'a arrêté très rapidement, Saint-George l'a arrêté. On peut arrêter de faire du bruit et trouver des solutions pour que la fiscalité de cette île qui est spécifique demeure et soit affinée pour que ce développement, enfin, apparaisse, développement économique "

Toussaint Colombani : " Merci, Pierre Mari, je crois que... ah, une position sur..., toujours sur les arrêtés Miot, Monsieur De Rocca Serra, pardon... "

Jacques De Rocca Serra : " Oui, je voulais juste revenir... un mot sur le débat précédent, pour la langue corse, l'Assemblée de Corse et la Région, depuis longtemps, ont fait quand même beaucoup et c'est une des langues les plus financées par l'ensemble des régions de France ! Ceci étant dit, pour ce qui concerne les arrêtés Miot, moi j'y voyais un gros avantage, je dois dire aussi, même l'avantage de l'indivision prolongée : c'est que nos paysages ont été plus protégés d'être abîmés par les arrêtés Miot que par la loi du Littoral ! Le fait de ne pas pouvoir trouver les propriétaires a permis à une grande partie de notre sol d'être sauvegardée ! Par contre, ce que je vois mal, c'est pourquoi cette solution qui était une solution qui a montré son efficacité n'a pas été étendue à l'ensemble de la France ! Moi, je parle comme cela, je suis persuadé qu'y compris la Côte d'Azur aurait bien été sauvée... je suis adjoint au maire à Nice, je vois, j'ai vu disparaître beaucoup des très belles maisons qui existaient, chaque fois que l'ancêtre mourait, dans les six mois, il fallait vendre... on détruisait et on a détruit les paysages. Alors, c'est une protection et moi, je suis pour qu'on la conserve. "

Toussaint Colombani : " Merci, Pierre, peut-être il nous reste 4, 5 minutes pour parler de la reconnaissance du Peuple Corse, je vois qu'on n'en a pas parlé, on a évité... on n'a pas évité, on n'en a simplement pas eu l'occasion... Alors peut-être, sur ce sujet. Monsieur Poli... "

Jean-Pierre Poli : " Oui, sur le Peuple Corse, il y a une évidence, le fait que nous soyons à Antibes. que nous vivions ici sur la Côte d'Azur et que nous parlions avec intérêt de ce qui se passe en Corse et que nous ressemions nous-même, ici. que notre avenir est lié à ce qui se passe en Corse, c'est d'évidence que le Peuple Corse existe' La Diaspora est la preuve par 9 de l'existence du Peuple Corse. Le Peuple Corse, ce n'est pas simplement, les Corses qui vivent en Corse ! un gendarme qui vit en Corse ne fait pas partie du Peuple Corse ! le Peuple Corse, c'est les gens qui se reconnaissent dans cette communauté de destin, liée à une tradition et à une île. La reconnaissance du Peuple Corse, c'est : est-ce qu'on doit reconnaître une évidence ou est-ce qu'on doit nier une évidence pour des raisons d'ordre idéologique ? "

Toussaint Colombani : " C'est plutôt une reconnaissance juridique ! "

Jean-Pierre Poli : " Mais la reconnaissance juridique, c'est de savoir si on fait passer l'idéologie jacobine avant les realites naturelles ! Et les réalites naturelles, c'est quoi ? c'est que à partir du moment où des gens se reconnaissent comme une communauté de destin, la logique, c'est d'accepter d'organiser cette communauté de destin, ce n'est pas de refuser d'organiser cette communauté de destin pour des raisons idéologiques liées àl'Etat-Nation ! "

Pierre Mari : " hé bien voilà. Toussaint Colombani, une petite manipulation dont vous entendez quelques bruits..., le mot de la fin maintenant... il reste deux minutes justement pour le mot de la fin. quand je dis le mot de la faim, c'est le mot di a famé postu chi simu à un ore menu cinque ... \ puisqu'il n'y a pas de fin... le mot de la fin avec le Président. Donc, Jeannot Magni, ce débat vous satisfait-il "

Jeannot Magni: " Ecoutez, ça a déjà permis, comme vous l'avez entendu, ça a permis à pas mal de personnes de s'expliquer par rapport aux événements Nous sommes particulièrement heureux de vous avoir reçus. Ce que je voulais dire également, c'est que j'en reviens un petit peu à notre action, au siège de l'Unione Corsa : nous avons également un rôle social, en trois ans. nous avons quand même remis trois cent mille francs, trente millions de centimes à des enfants handicapés de Corse et d'Antibes. Notre association travaille également dans ce sens-là, Vi ringrazziu. vous avez parlé de faim, aghju l'impressione, mi pare.. surtout basgiate a nostra terra quande vô ritornate quallà. oghJe. Merci à tutti... "

Pierre Mari : " A femu tutt'e matine basgiendu a nostra moglia. dunque. basgiemu a nostra terra ' Dunque....Su un ore menu cinque, Marie-Pierre Grisoni. Marie-Pierre, merci de nous avoir laissé cet espace.. ah. un petit mot encore peut-être oui...

Germaine Finocchi : " oui. c'est Madame Finocchi là, je voulais embrasser très fort ma fille Véronique à Cervione, qui m'écoute... "

Pierre Mari : " Y a-t-il d'autres messages, profitons-en, y a-t-il d'autres messages pour la famille restée en Corse ?

Bernard Paoli : " Mamma, si lu mi senti, ti basgiu ... '. "

Pierre Mari " euh... Philippe Mouradian '. "

Philippe Mouradian : " he ancu me, à mo mamma : je vais te ramener la boîte pour le chat ! t'inquiète pas,hein • "

Pierre Mari : " Voilà, c'est fini les messages, c'est bon ? bon, Marie-Pierre Grisoni, nous vous rendons l'antenne à Bastia puisque, si le magasine de la rédaction est terminé, la radio, elle. continue. Noi, ci n 'andemu cu Toussaint Colombani à Juan-les-Pins è m 'andà a mette l anchjuva in salamoghju ' Allé, avvedeci à tutti ' "

Philippe Mouradian à haute voix '... " Merci RCFM "(Applaudissements dans la salle )

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