Le
corps de notre ancien collaborateur a été découvert abandonné
sur un chemin de terre à Piedigriggio, près de Corte, et
sa voiture incendiée à 50 km delà, près de Cervione. L'hypothèse
du crime crapuleux semble privilégiée
Écrivain
et journaliste, notre ancien collaborateur, Nicolas Giudici,
52 ans, qui avait publié notamment Le Crépuscule des Corses
chez Grasset, est mort assassiné, en Haute-Corse. Son corps
a été découvert, hier à 9 heures, à une vingtaine de kilomètres
de Corte, sur le territoire de la commune de Piedigriggio.
C'est un éleveur qui, à 3 km du village, a fait la macabre
découverte. Gisant sur le dos au bord d'un ruisseau, deux
mètres en contrebas du chemin qu'empruntent les habitués
d'une fontaine publique U Melu, vêtu d'un pantalon bleu
et d'une chemise à carreaux, sa cravate parfaitement nouée,
Nicolas Giudici portait les traces sanglantes des trois
projectiles de petit calibre qui l'avaient atteint à la
poitrine et au ventre. Informé, le maire de la commune.
Mme Nicolette Albertini-Colonna, ayant donné l'alerte, les
gendarmes de la brigade territoriale de Ponte-Leccia suivis
de leurs homologues de la BR et de la section recherche
de Bastia, procédaient aux premières constatations. La sacoche
contenant ses pièces d'identité ayant été apparemment subtilisée,
les enquêteurs ne parviendront à l'identifier qu'en faisant
le rapprochement avec la découverte, à 50 km de là, du véhicule
Fiât de couleur grise - le sien -, incendié et jeté dans
un ravin entre San Nicolao-village et Santa-Maria Poggio-village.
L'une de ses sœurs, Claire, permettra de l'identifier formellement
à 12 heures.
Pas
inquiet du tout
Elle
avait vu son frère vivant, pour la dernière fois, vendredi,
dès son arrivée de Cannes où il résidait. "Souriant, détendu,
ne se sentant aucunement menacé, il était plein de projets",
dit-elle la voix brisée par l'émotion. Avec sa sœur institutrice
dans la région de Moriani, il avait évoqué ses travaux d'auteur
(voir par ailleurs). Il devait rejoindre Nice, samedi soir,
au départ de Calvi, par le Corsica Express, après avoir
participé , à l'université de Corte, à une réunion d'universitaires
et de chercheurs ayant pour objet la mise en place du comité
de pilotage d'une formation de l'institut du travail. Arrivé
seul, vers 12 heures à Corte, il a déjeuné, dans un restaurant
de la ville, avec les six autres membres du comité de pilotage,
lesquels, pour avoir travaillé avec lui jusqu'à 17 heures,
ont pu témoigner qu'il n'avait manifesté aucun signe d'inquiétude.En
quittant Corte II aurait quitté Corte à 17h15. Est-il reparti
seul? C'est à cette question que les enquêteurs s'efforcent
de répondre en multipliant les auditions. Toujours est-il
que la découverte du corps de Nicolas Giudici à Piedigriggio
constitue une énigme. S'il devait se rendre, soit à Calvi,
soit à Bastia, pour emprunter le NGV, samedi soir, Piedigriggio
n'était pas sur son chemin. Pour y accéder, il faut en effet
traverser la voie ferrée et, à partir de l'embranchement
de la RN 193, lieu-dit la Taverne, suivre la départementale
18, à 30 mètres de laquelle le corps a été découvert sur
la piste en terre, que seuls connaissent les habitants de
la micro région qui viennent y chercher une eau réputée
de qualité - la fontaine U Melu coule dans un bosquet de
chênes près du ruisseau. Nicolas Giudici s'y est-il rendu,
ce qui paraît improbable, ou bien son corps y été déposé
par le ou les meurtriers ?
Un
témoignage
Selon
un témoin, samedi à 17 h 45, une voiture de même couleur
et de même type que la sienne, circulait à vive allure,
dans un nuage de poussière, à environ 300 mètres du lieu
de la découverte du corps...
Le
meurtrier que Nicolas Giudici a pu trouver sur sa route
l'aurait abattu, avant de prendre le votant; puis il se
serait débarrassé du corps, faisant ensuite disparaître
les indices en incendiant le véhicule au fond du ravin,
près de Cervione. Sur place, les spécialistes de la police
scientifique devaient s'attacher à relever le moindre indice.
Nîcolas Giudici, il convient de le préciser, possédait à
quelques kilomètres de là, aux "marines de Venzolasca" une
petite villa qu'il a habitée, il y a quelques années, et
qu'il louait actuellement.
Les
investigations gendarmes sont menées actuellement sur deux
secteurs: celui de la Plaine de Vescovato et celui de là
région de Piedigriggio. L'autopsie devrait avoir lieu aujourd'hui
mais Ies enquêteurs semblent, plus que le mobile politique,
orienter leurs investigations vers l'hypothèse du crime
crapuleux.
Antoine
Feracci |