Corse-Matin - Lundi 18 juin 2001

Nicolas Guidici assassiné

 

Le corps de notre ancien collaborateur a été découvert abandonné sur un chemin de terre à Piedigriggio, près de Corte, et sa voiture incendiée à 50 km delà, près de Cervione. L'hypothèse du crime crapuleux semble privilégiée

Écrivain et journaliste, notre ancien collaborateur, Nicolas Giudici, 52 ans, qui avait publié notamment Le Crépuscule des Corses chez Grasset, est mort assassiné, en Haute-Corse. Son corps a été découvert, hier à 9 heures, à une vingtaine de kilomètres de Corte, sur le territoire de la commune de Piedigriggio. C'est un éleveur qui, à 3 km du village, a fait la macabre découverte. Gisant sur le dos au bord d'un ruisseau, deux mètres en contrebas du chemin qu'empruntent les habitués d'une fontaine publique U Melu, vêtu d'un pantalon bleu et d'une chemise à carreaux, sa cravate parfaitement nouée, Nicolas Giudici portait les traces sanglantes des trois projectiles de petit calibre qui l'avaient atteint à la poitrine et au ventre. Informé, le maire de la commune. Mme Nicolette Albertini-Colonna, ayant donné l'alerte, les gendarmes de la brigade territoriale de Ponte-Leccia suivis de leurs homologues de la BR et de la section recherche de Bastia, procédaient aux premières constatations. La sacoche contenant ses pièces d'identité ayant été apparemment subtilisée, les enquêteurs ne parviendront à l'identifier qu'en faisant le rapprochement avec la découverte, à 50 km de là, du véhicule Fiât de couleur grise - le sien -, incendié et jeté dans un ravin entre San Nicolao-village et Santa-Maria Poggio-village. L'une de ses sœurs, Claire, permettra de l'identifier formellement à 12 heures.

Pas inquiet du tout

Elle avait vu son frère vivant, pour la dernière fois, vendredi, dès son arrivée de Cannes où il résidait. "Souriant, détendu, ne se sentant aucunement menacé, il était plein de projets", dit-elle la voix brisée par l'émotion. Avec sa sœur institutrice dans la région de Moriani, il avait évoqué ses travaux d'auteur (voir par ailleurs). Il devait rejoindre Nice, samedi soir, au départ de Calvi, par le Corsica Express, après avoir participé , à l'université de Corte, à une réunion d'universitaires et de chercheurs ayant pour objet la mise en place du comité de pilotage d'une formation de l'institut du travail. Arrivé seul, vers 12 heures à Corte, il a déjeuné, dans un restaurant de la ville, avec les six autres membres du comité de pilotage, lesquels, pour avoir travaillé avec lui jusqu'à 17 heures, ont pu témoigner qu'il n'avait manifesté aucun signe d'inquiétude.En quittant Corte II aurait quitté Corte à 17h15. Est-il reparti seul? C'est à cette question que les enquêteurs s'efforcent de répondre en multipliant les auditions. Toujours est-il que la découverte du corps de Nicolas Giudici à Piedigriggio constitue une énigme. S'il devait se rendre, soit à Calvi, soit à Bastia, pour emprunter le NGV, samedi soir, Piedigriggio n'était pas sur son chemin. Pour y accéder, il faut en effet traverser la voie ferrée et, à partir de l'embranchement de la RN 193, lieu-dit la Taverne, suivre la départementale 18, à 30 mètres de laquelle le corps a été découvert sur la piste en terre, que seuls connaissent les habitants de la micro région qui viennent y chercher une eau réputée de qualité - la fontaine U Melu coule dans un bosquet de chênes près du ruisseau. Nicolas Giudici s'y est-il rendu, ce qui paraît improbable, ou bien son corps y été déposé par le ou les meurtriers ?

Un témoignage

Selon un témoin, samedi à 17 h 45, une voiture de même couleur et de même type que la sienne, circulait à vive allure, dans un nuage de poussière, à environ 300 mètres du lieu de la découverte du corps...

Le meurtrier que Nicolas Giudici a pu trouver sur sa route l'aurait abattu, avant de prendre le votant; puis il se serait débarrassé du corps, faisant ensuite disparaître les indices en incendiant le véhicule au fond du ravin, près de Cervione. Sur place, les spécialistes de la police scientifique devaient s'attacher à relever le moindre indice. Nîcolas Giudici, il convient de le préciser, possédait à quelques kilomètres de là, aux "marines de Venzolasca" une petite villa qu'il a habitée, il y a quelques années, et qu'il louait actuellement.

Les investigations gendarmes sont menées actuellement sur deux secteurs: celui de la Plaine de Vescovato et celui de là région de Piedigriggio. L'autopsie devrait avoir lieu aujourd'hui mais Ies enquêteurs semblent, plus que le mobile politique, orienter leurs investigations vers l'hypothèse du crime crapuleux.

Antoine Feracci


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